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Blog de Jean Gabard - Page 21

  • avec fusion = confusion

       

    « Tous nous devons savoir que lorsqu’Hitler et Mussolini parlaient en public, ils étaient crus, applaudis, admirés »

    « il faut donc nous méfier de ceux qui cherchent à nous convaincre par d’autres voix que celle de la raison ».

      Primo Lévi,


     

    Avec fusion et confusion

     

    La dérive d’une certaine libération était déjà perçue dès 1960 par A.S.Neil qui pourtant affichait sa foi dans la bonté de la nature humaine : « le mouvement en faveur de la liberté est gâché et rendu détestable parce qu’un trop grand nombre de ses adeptes n’ont pas les pieds sur terre. (…) C’est cette distinction entre liberté et anarchie que beaucoup de parents ne saisissent pas. Dans le foyer discipliné, les enfants n’ont aucun droit. Dans les foyers désordonnés, ils les ont tous [1]. » Il est vrai que de même qu’il ne faut pas confondre la libération des contraintes et la liberté qui est l’acceptation de celles-ci, il est nécessaire de ne pas mélanger égalité en droit et droit à l’égalité. Que l’enfant, le père, la mère, l’élève, le professeur, le gendarme, le président de la République, soient égaux en dignité et en droits, ne signifie nullement que leur position leur donne les mêmes pouvoirs et les mêmes devoirs. Parce qu’il n’était pas reconnu de droits à ceux qui n’avaient pas de pouvoir, la réaction adolescente voudrait donner les mêmes pouvoirs à tous ceux à qui on reconnaît les  mêmes droits sans faire entrer de distinction entre les fonctions. Cette confusion qui assimile tout pouvoir au fascisme transforme l’idéal « féministe » et soixante-huitard en une idéologie égalitariste. Ainsi au nom de l’égalité, la négation de la différence des sexes supprime la nécessité de la gérer en trouvant et suivant des codes qui en atténuent le choc et permettent d’en jouer. Cette dénégation permet de faire l’économie du deuil de l’unité et de la toute-puissance mais maintient dans le « péché originel » et empêche de grandir. Elle fait de l’idéologie « féministe » une idéologie sexiste et même totalement utopiste quand elle rejette avec l’ordre masculin, adulte et bourgeois, l’indispensable loi. Cette dérive est aujourd’hui reconnue par de nombreuses figures historiques du féminisme. Julia Kristeva ne nie pas les exagérations : « le féminisme s’est fondu dans un mouvement de type totalitaire, coupé des femmes (…) qui refusent de croire que la figure du père doit être mise à mort [2]. » 

         En recherchant autant la fusion, l’humain se retrouve souvent dans la confusion.

     

    Extrait de "Le féminisme et ses dérives - Du mâle dominant au père contesté"

     

     


     

     

    Suite à la conférence "Du mâle dominant au père contesté" donnée à Villabé en Janvier 2010

    (qui a rassemblé 600 personnes) et à celle des Ulis le 15 novembre,

    j’ai le plaisir de vous annoncer que je donnerai de nouveau cette conférence

     le 21/03/2011 à Etampes (toujours dans le cadre de l’Université du Temps Libre de L’Essonne)

    ainsi que le 28/04/2011 à Melun dans le cadre de l’Université Inter- Age de Melun

     

    J'animerai prochainement des conférences-débats

    "La place des pères et des mères pour faire intégrer les limites" à Saint Rambert d'Albon (26) le 17/02, à Saint-Genis Laval (69) ...

    "la place des hommes et des femmes dans notre société moderne" à La Voulte (07), à Mornant (69) ...

     

     


     

     

     

     

     

    Lectures recommandées

    après celles que vous pouvez lire sur mon site http://www.jeangabard.com

    ou sur d’autres sites (taper Jean GABARD)

     

    Vous trouverez à droite dans notes récentes

    les articles :

    - Montée du machisme Comment lutter

    http://www.rue89.com/2008/06/30/montee-du-machisme-et-der...

    Vous trouverez en bas à droite dans archives,

    les articles suivants

    - 2006 12 L’échec scolaire ou l’Ecole en question

    criticusleblog.blogspot.com/.../lechec-scolaire-ou-lecole-en-question.html-

    http://www.ecole-en-pyjama.net/Comprendre-et-agir-ense...

    - 2007 01 Sans père ni repère (interview)

    http://pem.mediation.free.fr/BFF/articles.php?lng=fr&a...

    - 2007 03 Lettre ouverte aux féministes

    http://pariteparentale.over-blog.org/article-6007539.h...

    et Lettre aux hommes en colère


    Mâle dominant, père contesté ! n’y aurait-il pas d’autres voies ?

    www.psychasoc.com/Auteurs/Jean-GABARD

    Critique de ''Le féminisme et ses dérives Du mâle dominant au père contesté" par "Lien Social" http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.lien-social.com/IMG/arton2046.jpg&imgrefurl=http://www.lien-social.com/spip.php%3Farticle2046%26id_groupe%3D12&h=227&w=160&sz=16&t

     

     

     

     

     


    Ex-enseignant ayant suivi des formations en psychogénèse, auteur et conférencier spécialisé dans le domaine de l’éducation des enfants,

    je propose d’animer des conférences-débats

    pour aider les parents et les éducateurs à réfléchir

    - sur leur place dans l’éducation des enfants

    - sur les limites à poser et comment les faire intégrer ...

    - sur la fonction d’autorité

    La partie conférence (1 h) permet

    de replacer la situation actuelle dans l'histoire  

    d'analyser les transformations

       

    La partie débat (1 h) permet,

    avec l’aide des questions et des témoignages des participants d’entrevoir certaines pistes pour avancer vers l'âge adulte.

    Elle donne aussi des éléments pour poursuivre la réflexion.

     

     

     

     


    Les éducateurs ressentent de plus en plus la nécessité de l’autorité. Mais si nous ne disons plus qu’« il est interdit d’interdire » comme dans les années 70-80, les limites (et ceux qui les posent) sont toujours plus ou moins suspectées. Après les avoir rejetées en bloc, nous ne savons plus lesquelles fixer et surtout comment.

    Il n’y a pas si longtemps encore, la femme, mise en position d’infériorité, cédait l’autorité à un homme qui avait tendance à en abuser. En s’enfermant dans le sérieux et le rigorisme, il se comportait en dictateur qui « faisait sa loi ». En ne provoquant chez ses enfants que l’envie de se rebeller, il ne leur apprenait pas à assumer la frustration : il ne jouait pas la fonction de père et ne leur permettait pas de grandir.

    Aujourd’hui, parce que nous avons réagi contre ce type de société injuste et inadaptée, la situation est souvent totalement différente. L’homme, même lorsqu’il est présent, parce qu’il ne veut plus exercer la fonction d’autorité ou parce qu’il ne le peut pas, est trop souvent vécu comme « absent » et c’est alors la maman qui exerce seule l’autorité parentale. Ceci est encore beaucoup plus vrai après une séparation.

    Cette femme moderne qui n’est plus écrasée par la présence d’hommes au pouvoir absolu, peut certes avoir des réticences à employer la fermeté avec des enfants qui sont un peu « la chair de sa chair » mais peut très bien se montrer tout aussi capable qu’un homme.

    Et pourtant, nous le constatons, de très nombreux enfants n’intègrent pas les limites et ont des difficultés à respecter celles qui se présentent à eux par la suite, que ce soit à l’école ou dans la société.

    Mais ceci n’est pas une fatalité !

    Si nous voulons sortir des dérives actuelles, sans retomber dans les erreurs du passé, n’est-il pas nécessaire d’inventer un nouveau projet qui, prenant en compte la réalité, redéfinisse les fonctions d’autorités et les façons de les jouer, sérieusement, sans se prendre au sérieux ?


     

     


     

     


     

    Parmi mes dernières interventions

    Conférence-débat : La place des pères et des mères pour faire intégrer les limites  Dampierrre sur Linotte,  Fédération Départementale Familles Rurales de Haute Saône

     

    Conférence :  Du mâle dominant au père contesté  Université du Temps Libre de L'Essonne Gometz le Châtel

     

     

    Conférence-débat :  La place des pères et des mères pour faire intégrer les limites aux enfants Relais Assistantes Maternelles mairie d'Aubière (63170 Aubière) (04.73.28.48.51)

     

     

    Conférence-débat :  La place des pères et des mères pour faire intégrer les limites aux enfants Crèche Parentale "les Gabignons" (18170 Marçais) (02.48.96.20.95)


    Conférence-débat : les relations hommes/femmes dans notre société moderne Association Annonay Info Santé (04 75 67 64 79)

     

    conférence : Du mâle dominant au père contesté

    Université du Temps Libre de l’Essonne, Villabé (91) (01 64 99 86 82) (cette conférence a rassemblée plus de 500 personnes)

     

    conférence-débat : Les pères et les mères dans notre société moderne

    organisée par : La Parentele Chambly (60) (01.39.37.29.29)

     

    Conférence-débat : L’homme vrai aujourd’hui

    Organisée par Déclics et Cie, Genève (+41 22 340 59 70)

     

    Conférence-débat : L’homme vrai aujourd’hui

    Organisée par Déclics et Cie, Morges (CH)

     

    Conférence-débat :  La place des pères et des mères pour faire intégrer les limites aux enfants

    organisée par Relais Assistantes Maternelles mairie centre social communal 26290 Donzère (26)

     

    conférence-débat : La place des pères et des mères dans l’éducation des enfants

    organisée par : RAM Riorges (42)

     

    Emission de radio RCF : « A votre service – parentalité »

    Conférence : Food For Thought,  Bruxelles (B)

    Conférence : Action Collective Familles au Centre Social Lou Pasquie, Roussillon (84)

    Conférence : Groupe Partenaires Enfance Jeunesse, Paray le Monial (71)

    débat avec Clémentine Autain,  Agora du Nord EDHEC de Lille  

    Emission de radio : RCF radioTO Lille « Vies de famille », (l’autorité parentale)

    Conférence : Espace Collectif Petite Enfance et Famille, Saint-Pierre d’Albigny (73)

    Conférence : Centre de loisirs, Saint Paul Trois Chateaux dans la Drôme (26)

    Conférence : Centre social et culturel Intercommunal Energies de la Piège, Salle-sur-l’Hers (11)

    Emission de radio :  « Psycho Famille », (La place des pères…) France Bleu Drôme Ardèche

    Congrès « Hommes : état des lieux » Bruxelles (B)

    Emission de radio : « A vue d’esprit », (Monsieur fait sa crise) Radio Suisse Romande

    Emission de radio : « Secrets d’Enfance », (l’échec scolaire) France Bleu Isère

    Conférence : Association Apeser Narbonne (11)

    Conférence : M.J.C. Charvieu-Chavagneux (38)

    Conférence : Association des Familles Limas (Villefranche sur Saône) (71),

    Conférence : Centre Social Lavieu Saint-Chamond (42)

    Conférence : Centre Social Lavieu Saint-Chamond (42)

    Colloque Centre Médical Universitaire de Genève (CH)

     




    [1] A.S. Neill,  Libres enfants de Summerhill, Librairie François Maspéro, 1970.

    [2] Julia Kristeva, « Comment vivre avec les hommes », L’Evènement du Jeudi du 13 au 19 août 1992.

  • Sans père ni repère

     

    "Une erreur n'est pas une vérité parce qu'elle est partagée par beaucoup de gens, tout comme une vérité n'est pas fausse parce qu'elle est émise par un seul individu"

    (Gandhi)


     

     

    Sans père ni repère


    1) Vous venez de publier un livre sur le féminisme et ses
    dérives. Comment en êtes-vous arrivé à écrire ce livre ?

    Alors que les lois qui permettent aux femmes d’accéder à l’égalité en droits viennent à peine d’être signées et sont encore loin d’être respectées, comment, en effet, avoir l’idée d’écrire un livre qui dénonce les dérives du féminisme ?
    J’ai participé aux mouvements des années 1968 dont j’ai soutenu la vision du monde que j’appelle « féministe » dans la mesure où, surtout depuis le XVème siècle, elle s’oppose radicalement à l’idéologie de la société patriarcale traditionnelle autoritaire et machiste. Je la soutiens encore lorsque les mouvements féministes, qui ont pris la relève des mouvements libéraux et démocrates masculins, luttent pour la liberté et l’égalité en droits. Cependant j’ai pu constater, dans l’exercice de ma fonction d’enseignant, que pour beaucoup, la liberté consistait à vouloir faire tout ce que l’on avait envie de faire et que l’égalité en droit était confondue avec le droit à l’égalité. En m’intéressant à la pédagogie, à la psychologie de l’enfant, puis aux relations professeur-élèves, parents-enfants, hommes-femmes… j’ai pu mesurer les problèmes que ces confusions engendraient


    2) Que reprochez-vous aux femmes d'aujourd'hui ?

    Pourquoi voulez-vous que je reproche quelque chose aux femmes ? D’abord je ne dénonce pas le féminisme et encore moins les femmes, mais des dérives d’une idéologie dont les hommes et les femmes sont tout autant responsables que victimes. Je pense que ces dérives étaient malheureusement inévitables. Chaque fois que l’humain réagit, -et il y avait particulièrement besoin de réagir contre l’idéologie de la société patriarcale traditionnelle-, il a tendance à aller trop loin et comme on dit « à jeter le bébé avec l’eau du bain ». Simplement il faut assez rapidement prendre conscience de ces dérives afin d’essayer de les éviter.


    3) Vous semblez dire que le père n'a plus sa place dans la société actuelle et que de là découlent bien des problèmes ? Pouvez-vous nous dire pourquoi ?

    Le père, comme toute autorité, tenait son pouvoir de Dieu et il en a souvent usé et abusé en étant tyrannique et sexiste, si bien qu’aujourd’hui, en démocratie, en prônant le contraire au nom de la liberté, on ne veut plus qu’il exerce le pouvoir et, au nom de l’égalité, on ne veut surtout pas que sa fonction soit différente de celle de la mère : nous confondons aujourd’hui égalité en droits avec identité si bien que souvent aujourd’hui, les parents n’exercent auprès des enfants que des rôles affectifs semblables, en délaissant les fonctions symboliques connotées sexistes puisque différentes. Et pourtant ces fonctions sont indispensables pour permettre à l’enfant d’intégrer les « re/pères » dont il a besoin pour apprendre à l’école, pour vivre en société…


    4) Ne pensez-vous pas que depuis que le monde est monde, il y a des rapports conflictuels entre les deux sexes ? Et qu'aujourd'hui ce n'est pas plus ni moins qu'hier ou demain ?

    Bien sûr l’opposition a toujours existé. On peut cependant distinguer deux périodes et je l’espère trois. En simplifiant, je dirais que du Néolithique à la fin du Moyen-Age, période que l’on peut comparer à l’enfance de l’humanité, les hommes au pouvoir ayant des difficultés avec la différence ont décidé de maîtriser les femmes en les infériorisant. En réaction, pendant la période qui suit et que l’on peut comparer à l’adolescence, l’idéologie
    « féministe » s’est ingéniée à gommer la différence des sexes jusqu’à la nier. Mais l’humanité ne doit-elle pas apprendre à l’assumer et à la gérer en respectant les droits des uns et des autres, si elle veut devenir adulte ?


    5) Pensez-vous vraiment que les hommes sont en danger, quand les femmes sont au pouvoir ? Et qu'il en va du bien être de l'humanité que d'agir pour un juste équilibre ?

    Qu’il y ait des hommes ou des femmes au pouvoir dans un système démocratique ne peut pas représenter de danger. Il y a danger quand l’homme ou la femme restent dans la toute-puissance. Au pouvoir, l’équilibre est bien sûr souhaitable, mais si une démocratie doit le favoriser, il faut prendre garde à ne pas nier la différence des sexes et à ne pas rechercher l’unité de sexe comme d’autres ont recherché l’unité de race ou l’unité de classe.


    6) Vous organisez des conférences débats, comment êtes-vous perçus par les femmes ? N'avez-vous pas peur d'être taxé de misogyne ?

    Mon discours n’est pas un discours séducteur, mais ceux qui dépassent le titre un peu provocateur de mon livre ou qui m’écoutent dans mes conférences-débat se rendent très vite compte que vouloir respecter la différence homme-femme n’est certes pas une voie facile, mais que c’est une condition première pour qu’hommes et femmes soient respectés : c’est ce discours que je propose et que je tente d’expliciter.


    7) Sur quoi basez-vous votre travail ? Des observations ? Des études ?

    Entre 1989 et 1998, j’ai suivi de nombreux séminaires sur la formation du psychisme qui m’ont énormément apporté.
    J’ai aussi beaucoup lu et observé tant dans ma vie privée que professionnelle.


    8) Quelle est votre conclusion sur tout ça ?

    Ma conclusion est que l’humanité avance et qu’après l’enfance et la crise d’adolescence que nous traversons, nous pouvons tous avoir le projet de devenir adulte. Le simple fait d’essayer est déjà passionnant.


    Propos recueillis par Nathalie Fabre
    L’Hebdo de l’Ardèche 5 janvier 2007

     


     

     

  • Pourquoi certains féministes font-ils « fausse route » ?

    « un monde en mouvement est un monde qui grimpe la pente, et non pas un monde qui la dégringole. »

    Bernanos

     

     

     

    Pourquoi certains féministes

    font-ils « fausse route » ?

     

    Pourquoi leur idéologie perturbe-t-elle

    les hommes, les femmes

    et surtout l’éducation des enfants  ?

     

    Pourquoi est-il possible de critiquer leurs propos

    sans être ni « macho » ni « réactionnaire » !

     

     

    Au XXIème siècle, des mentalités rétrogrades, survivances de la société patriarcale traditionnelle, semblent encore résister aux conquêtes sociales. Peu de personnes osent cependant s’opposer ouvertement aux revendications des féministes tant elles paraissent légitimes et synonymes de progrès. Mais le sont-elles toujours ?

     

     Au XXIème siècle, qui peut raisonnablement contester le principe de l’égalité devant la loi entre les hommes et les femmes et la nécessité que les droits soient respectés ? 

    Qui peut dénier le besoin d’aller vers plus de parité dans les instances politiques et économiques ?

    Qui peut s’opposer aux mesures visant à empêcher les violences conjugales, les discriminations à l’embauche et sur les salaires … ?

    Qui peut douter du devoir de lutter contre les préjugés sexistes ?

    Les féministes combattent à juste titre l’idéologie de la société patriarcale traditionnelle autoritaire et sexiste. Ils se sont battus pour la justice et luttent encore aujourd’hui pour qu’elle soit respectée. Ils ont fait et font encore ce que devraient faire tous les démocrates qu’ils soient hommes ou femmes.

    Cela veut-il dire pour autant que les féministes ont toujours raison sur tout et que les critiquer équivaudrait à se placer du côté des « machos » et des « réactionnaires » ?

     

    La guerre contre un système patriarcal dépassé mais tenace a été efficace. Elle a été menée par des féministes convaincus, combatifs et organisés. La cohésion indispensable s’est faite autour de slogans fédérateurs mais forcément simplistes et provocateurs.  Comme dans toute « révolution », il a fallu exhiber le danger contre-révolutionnaire pour maintenir la mobilisation des militants et demander beaucoup pour espérer obtenir un peu. Ceci est toujours nécessaire pour maintenir la vigilance et l’ardeur des combattants, mais présente aussi des inconvénients…

    Cette lutte peut, en effet devenir chez certains, une guerre des sexes où l’esprit de revanche n’est pas absent. Celle-ci a pu transformer la juste revendication de démocratie en affirmation et défense d’une idéologie figée qui contribue à développer ce qui est le plus néfaste à la réflexion et au progrès des idées : la pensée binaire ! C’est ainsi que tout critique du féminisme est rejeté comme un pestiféré, dans le camp du mal, avec les sexistes et les réactionnaires. Le projet progressiste est dénaturé au profit d’une idéologie bien-pensante où il devient interdit de se poser des questions.

    Les égarements de certains féministes peuvent s’expliquer par leur réactivité passionnelle qui leur fait adopter comme Vérité, le contraire des idées fausses dont ils peuvent démontrer brillamment le ridicule. Une de leurs principales erreurs, à l’origine de nombreuses autres, porte sur leur vision de la différence des sexes.

     

    Aucune répartition des rôles sociaux n’est inscrite dès la naissance

    Contrairement à ce qu’affirment de nombreux féministes, par conviction ou parce que cela les arrange, le débat primordial sur la différence des sexes n’oppose pas uniquement les « naturalistes »[1] aux « constructivistes »[2]. Ainsi, ce n’est pas parce que les hommes de la société patriarcale ont voulu justifier à tort leur  domination par une différence naturelle, que celle-ci n’existe pas. Ce n’est pas non plus parce qu’ils se sont servis de l’éducation pour renforcer et maintenir leur pouvoir que les  différences ne proviennent que d’une construction sociale sexiste. En effet, toute inégalité à l’âge adulte n’est pas forcément une injustice. C’est pourtant ce que font croire de nombreux féministes.

    Catherine Vidal, éminente neurobiologiste, démontre, s’il en était encore besoin, les erreurs de théories naturalistes. Grace aux nouvelles technologies, elle apporte des preuves concrètes et irréfutables. Elle n’est cependant plus du tout dans la rigueur scientifique lorsqu’elle en déduit que les différences  ne peuvent s’expliquer que par une construction sociale sexiste puisqu’elle ne les a pas trouvées dans le cerveau à l’origine !

    Françoise Héritier, brillante anthropologue, disciple de Levi-Strauss, montre la mise en place de la domination masculine et les conséquences que celle-ci peut avoir sur l’éducation des garçons et des filles. Son analyse est tout aussi convaincante. Est-il cependant autorisé d’en conclure que cette suprématie des hommes et la construction sociale qui en découle sont en grande partie et à plus forte raison seules à l’origine de la différence des sexes ? S’il est aussi possible de reconnaître à l’étude de Françoise Héritier un caractère scientifique, il n’est cependant pas honnête de vouloir accorder la même rigueur à ces déductions. Celles-ci n’engagent que des féministes qui ont intérêt à faire de chaque différence une discrimination pour pouvoir justifier leur combat pour un droit à une égalité totale, utopique !

    Catherine Vidal, Françoise Héritier et d’autres féministes ont tout à fait raison de remettre en cause les théories naturalistes qui voulaient justifier une inégalité en droits entre les hommes et les femmes. Ont-ils pour autant raison de dénier ces différences naturelles et leurs conséquences sur les comportements ? Peut-on par exemple aujourd’hui, raisonnablement  ignorer le rôle de l’ocytocine qui envahit la mère au moment de l’accouchement pour favoriser l’accordage avec son enfant ? Peut-on tout simplement douter qu’une femme puisse être influencée par un corps susceptible de féconder et de porter un bébé ? Peut-on dénier que celle qui a senti, fait vivre en elle et mis au monde l’enfant a non seulement neuf mois d’avance sur le compagnon, mais aussi une approche différente ? Peut-on douter que la petite fille, du même sexe que sa maman, ait envie de l’imiter de même que le petit garçon ait besoin de montrer sa différence ?

    On ne naît pas femme… mais on naît cependant petite fille !

     « On ne naît pas femme, on le devient » mais on naît cependant petite fille ! Catherine Vidal, Françoise Héritier et de nombreux féministes nous montrent  que l’éducation peut entrainer des comportements particuliers et en déduisent que toutes les différences sont voulues et donc injustes.

    Ces féministes, persuadés pourtant de la malléabilité de jeunes esprits feignent d’oublier la structuration du psychisme dans les premiers mois de la vie. Le petit garçon et la petite fille ne perçoivent pas pareillement celle qui leur a donné la vie physique et qui représente leur référence première, leur premier « amour » : la petite fille continue de se référer à celle qui est du même sexe qu’elle alors que le petit garçon est obligé de renoncer à celle avec qui il voulait rester dans la fusion et doit regarder ailleurs. Pour supporter cette souffrance terrible, cette castration psychique primaire, il la refoule en se prouvant qu’il n’a jamais voulu être comme sa maman et qu’il a toutes les raisons d’être fier de son sexe.  Ce petit garçon est ensuite tiraillé entre l’envie de fusionner avec sa maman, de goûter le plaisir de la communion et le devoir de montrer sa différence, d’éviter le risque de vivre à nouveau la rupture. Comment alors ne pas imaginer que cette petite fille et ce petit garçon puissent se structurer différemment et que leur inconscient soit marqué à jamais ?

    Cette différence de structuration ne dépend en rien de la culture de l’époque ou du pays et n’est imposée ni par les hommes ni par les femmes. Elle découle du fait d’être de sexe différent et ceci est la loi de la nature : l’impossibilité d’être « tout » !  

    Pendant des siècles, l’homme a infériorisé les caractères qui se remarquent le plus chez la femme. En les cultivant par une éducation sexiste et en les exagérant, l’homme s’est trouvé un prétexte pour dominer là où il n’y avait qu’altérité et besoin chez lui de refouler une castration psychique insupportable.  Aujourd’hui, des idéologies féministes devenues majoritaires croient qu’il suffirait de supprimer toute construction sociale sexiste pour atteindre l’égalité. Elles se montrent en cela beaucoup plus « politiquement correctes », mais, comme l’idéologie sexiste des hommes, sont tout autant dans le refus d’assumer en adulte la différence inévitable. 

    Par égalitarisme, des idéologies féministes refusent de nommer « féminines » certaines qualités attribuées aux femmes, mais cependant, dans un renversement des valeurs, n’idéalisent que celles-ci alors que les caractères dits « masculins » sont dénigrés. Ils apparaissent comme des défauts dont la mauvaise éducation de l’homme est rendue responsable. Ainsi, la fermeté, la rigueur, l’autorité, la frustration, dont les hommes dominants ont abusés, sont aujourd’hui rayées des méthodes éducatives (quand toute méthode n’apparaît pas déjà suspecte et trop contraignante), pour laisser place à l’improvisation, à la spontanéité et la compassion. Alors que ces caractéristiques ne peuvent être positives que si elles sont utilisées à bon escient, elles le deviennent simplement parce qu’elles sont le contraire de celles dites masculines et liées au « machisme ». L’homme se voit ainsi sommé de faire « un travail sur lui » pour acquérir ces vertus et atteindre si ce n’est l’androgynat, le statut « d’homme nouveau » semblable à la femme.

    Cette vision du monde influence nos comportements. Elle ne peut qu’entraîner le non respect de la différence. N’étant plus reconnue, celle-ci n’est plus prise en compte et n’est plus gérée. Elle devient, entre les hommes et les femmes, non pas une source d’enrichissement mais un sujet d’incompréhension et de conflits stériles ! Alors que pendant des siècles, les femmes étaient considérées comme « des hommes imparfaits », [3] c’est maintenant à l’homme de devoir se comporter comme une femme pour ne pas être considéré comme un attardé ou un malade. L’harmonie dans des rapports est préférée à l’altérité permettant la relation.

    Ces dérives constituent ainsi un frein au « vivre ensemble ». Elles favorisent même un nouveau sexisme alors que leur but était de le bannir. Elles ont surtout de terribles retentissements dans la vie de famille et les enfants en sont les premières victimes.

    Rejetant à juste titre les rôles traditionnels, ces idéologies confondent cependant l’égalité en droits et le droit à l’égalité. Revendiquant une égalité-identité impossible, elles créent la confusion chez des parents modernes qui peinent à se situer pour vivre en couple et éduquer les enfants. Avec ces derniers, en effet, les indispensables fonctions symboliques de père et de mère sont de plus en plus difficiles à jouer. Et les conséquences pernicieuses de cet égalitarisme forcené sont nombreuses. Nous en constatons malheureusement tous les jours les résultats avec la généralisation des enfants-rois sans limites, incapables de vivre en société et d’apprendre à l’école … 

     

    [1] Pour les naturalistes toutes les différences entre les hommes et les femmes s’expliquent par la nature.

    [2] Pour les constructivistes toutes les différences sont construites par la société.

    [3] Aristote

     

     

    Jean GABARD