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Blog de Jean Gabard - Page 18

  • Etre père aujourd'hui ?

     

     


     

    Je tiens le monde pour ce qu’il est :

    un théâtre où chacun doit jouer son rôle.

     

    William Shakespeare



    vous pouvez   écouter l’émission Carte Blanche

    http://podcast.rcf.fr/emission/135384/473671

    Jean GABARD : problèmes d'éducation


     

    Conférence-débat

     

    organisée par le Centre Social et Culturel Municipal Lucie September

     

    La place des pères

    dans l'éducation des enfants

     

    avec Jean GABARD

    auteur de « Le féminisme et ses dérives - Rendre un père à l'enfant-roi »

     

    Mairie de

    GARGES LES GONESSE

    à 14h, le mardi 13 novembre 2012

     



    Alors que l'on entend de plus en plus parler d'enfants-rois difficiles à gérer, n'est-il pas nécessaire de s'interroger sur la place des pères dans l'éducation des enfants ?








     

    Dans le Pitch de Jean-Matthieu PERNIN

    sur Le Mouv' radio du groupe Radio France.

    Le thème était  : existe-t-il un sexisme envers les hommes ?

    vous pouvez réécouter mon interview à partir de la 19ème mn

     

     

    http://www.lemouv.fr/player/reecouter?play=31760

     

     

     

     

    Pour revoir l'émission de la Radio Télévision Belge Francophone

     

    dans laquelle j'étais interviewé par Jacques Lemaire

     

    cliquer +Ctrl  sur En Quête de Sens



     

    Prochaine émission à suivre sur la RTBF

     

     

    Réflexions sur la masculinité : être un homme aujourd’hui (réf. 4477)

     

    Examen de quelques éléments de la spécificité masculine

     

    Jean-Paul Van Wettere,

    Jean Gabard

    et Jacques Lemaire

     

    Diffusion le dimanche                                      11 novembre                               à 9 heures 20 sur La Une

    Rediffusion le samedi                                       17 novembre                             à 10 heures 30 sur La Une

    Rediffusion le mercredi                                    28 novembre                           à 18 heures 55 sur La Trois

     

     

    Si vous avez manqué une de nos émissions, vous pouvez la visionner à nouveau en vous rendant sur le site de la Rtbf : http://www.rtbf.be/video/recherche_en-quete-de-sens?emissionId=141.

     

     

     

     

    La Pensée et les Hommes Asbl
    Émissions de philosophie et de morale laïques pour la radio et la télévision
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    Secrétariat-radio-télévision : Fabienne Vermeylen
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    Publications : Christiane Loir
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    Pour toute information complémentaire, n'hésitez pas à consulter notre site
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    Etre père aujourd’hui ?

     

    Dans la société patriarcale traditionnelle le père était le chef de la famille. Son rôle apparemment déterminé et indiscutable a été remis en cause radicalement par la « révolte contre le père » des années 1960. Un nouveau père est né. Après un demi siècle d’expériences diverses, pourtant, nombreux sont ceux qui s’interrogent encore sur la nouvelle place à donner à ce père dans la famille…

     

    Pendant des millénaires et pratiquement dans l’ensemble des sociétés, alors même que le géniteur restait « incertus », le statut de père était connu et reconnu. L’homme identifié comme tel savait parfaitement le comportement qu’il devait adopter. Il lui suffisait d’appliquer ce qui lui avait été appris par ses parents et qui se transmettait de générations en générations. Les rôles de chacun étaient fixés et les règles nécessaires à la survie du groupe ne souffraient aucune discussion.

     

    Avec la contestation de son autorité dite d’origine divine, la société toute entière a été transformée. L’autorité paternelle devenue insupportable a disparu au profit de l’autorité parentale : une autorité exercée par les pères et les mères dans l’intérêt de l’enfant ayant acquis des droits. Si cette définition paraît claire, il est cependant encore nécessaire de préciser ce que les mots père et mère contiennent et comment cette autorité peut fonctionner dans des rapports démocratiques.

    Le mot père qui semble si simple revêt pourtant une grande complexité. Il y a en effet dans le mot père trois dimensions différentes.

    Le père désigne tout d’abord le géniteur qui fut longtemps incertain. Des règles strictes étaient imposées aux épouses pour éviter autant que possible, les doutes.

    Alors que l’incertitude peut être maintenant levée, les hommes, habitués pendant des siècles à décider d’avoir un enfant ou pas, sont aujourd’hui souvent dépendants du choix de la femme. De nombreux hommes ne sont plus que géniteurs. Ils n’élèvent pas l’enfant qu’ils ont eu avec la génitrice*, soit qu’ils n’en connaissent pas l’existence, soit qu’ils ne l’ont pas reconnu, soit qu’ils n’ont pas été acceptés ou qu’ils ont été rejetés.

    Le père a aussi une dimension affective. Il peut ne pas être le géniteur mais il est reconnu par l’enfant comme celui qui l’élève et qui lui donne l’affection. C’est celui que l’enfant appelle « papa » et qui contribue à lui donner l’image de l’homme.

    Ce rôle de papa a été pendant très longtemps délaissé au profit de la fonction d’autorité donnée à l’homme. Il gardait une certaine distance et préférait laisser à la maman la tâche de s’occuper de l’enfant. C’est elle qui donnait les soins et la tendresse au petit enfant. Arrivé à « l’âge de raison », celui-ci était ensuite enlevé des mains des femmes pour entrer dans le camp des hommes où lui étaient inculquées les valeurs dites masculines qui devaient le distinguer du sexe dit faible.

    Aujourd’hui, ces rôles traditionnels sont rejetés et l’homme moderne se doit, au contraire, de jouer les mêmes rôles que la maman. Pour cela, il lui est demandé de déconstruire son éducation machiste et de développer ses qualités autrefois qualifiées de féminines. C’est ce qu’il fait et si certains peuvent lui reprocher de ne pas être aussi performant que la maman dans ce registre, nous dirons plutôt qu’il apporte une touche différente mais tout aussi bienfaisante. Le papa moderne est en effet beaucoup plus présent dès avant la naissance et tout au long de l’enfance qui se prolonge. Il est maintenant volontiers dans le ludique et dans l’affectif. Se crée alors avec l’enfant un attachement réciproque très fort et persistant.

    Ce « papa » moderne est appliqué et même tellement soucieux de sortir des stéréotypes qu’il a tendance à rejeter ou à oublier la fonction symbolique d’autorité trop souvent assimilée au rôle autoritaire et sexiste du mâle dominant.

    Cette troisième dimension symbolique, celle qui correspond à la fonction de père est effectivement confondue au rôle que s’attribuaient souvent les hommes autrefois. Si le véritable père doit bénéficier, certes, comme eux de l’autorité il n’est pourtant pas celui qui règne en dictateur pour son bon plaisir. Au contraire, sa fonction est donnée par la mère dans l’intérêt de l’enfant. Il n’est plus le père qui faisait sa loi mais celui qui doit s’appliquer à l’assumer, à la respecter lui-même et enfin à la dire à l’enfant. Il n’est plus le détenteur d’un pouvoir comme dominant mais le tiers qui seul peut et doit effectuer la difficile mais nécessaire séparation entre la maman et l’enfant. Pour le faire entrer dans cette fonction de père, la maman qui accepte la fonction symbolique de mère doit valoriser celui qui au départ n’est qu’un « étranger » pour l’enfant. C’est en montrant qu’elle l’aime et qu’elle l’écoute qu’elle fera comprendre à l’enfant qu’elle manque et qu’il mérite d’être écouté. « Ce qui institue la parole du père comme interprète de la loi, est le désir-de-la-mère » nous dit Christine Castelain-Meunier (La Paternité, PUF, Que sais-je ? n°3229, 1997).

    Avec le petit enfant cette fonction est nécessairement celle d’un homme (pas toujours le géniteur ni même le papa) qui, à la différence d’une femme, apparaît limité et seul à la bonne place pour représenter la loi. Comment en effet la limite pourrait-elle venir d’une personne qui pour l’enfant est censée ne pas en avoir ? Celui-ci peut éventuellement obéir pour lui plaire et ne pas la perdre mais il ne fait alors que céder à ce qui est pour lui un chantage affectif. Jamais il n’est question de règle à respecter. En effet quand celle-ci cherche à le limiter lui n’a de cesse de lui plaire et de l’imiter, c'est-à-dire d’être comme il la voit et comme il a toujours cru qu’il était lui-même : une divinité !

    Dans ce jeu y aurait-il une fonction supérieure comme certains pourraient le craindre ? Qui de celle qui est la seule à pouvoir donner l’autorité ou de celui qui la reçoit aurait une position dominante ? Les deux fonctions ne sont-elles pas simplement dépendantes l’une de l’autre ? Et n’est-il pas nécessaire de les jouer sérieusement et sans se prendre au sérieux en les exagérant même pour compenser la vision plutôt négative que donne la société de l’homme, aujourd’hui ? Ce n’est qu’après plusieurs années (à peu près six ans d’après des neuropsychiatres) lorsque l’enfant aura intégré la « non toute-puissance » de sa référence première et la nécessité de la loi que la mère pourra aussi la dire. Il est donc toujours bon d’insister jusqu’à la caricature avec un petit enfant qui n’a pas accès au symbolique et qui ne veut pas entendre que sa maman n’est pas toute-puissante. Tout petit enfant veut la croire capable de faire un enfant toute seule. Ce mythe de la Vierge Marie est tenace. C’est la raison pour laquelle la femme, dans une fonction d’autorité avec un enfant, devra, beaucoup plus qu’un homme, constamment rappeler qu’elle n’est pas la loi mais qu’elle ne fait que s’y soumettre. Faute de cela elle risque de ne pas être entendue ou même de ne faire subsister de ses propos que le traumatisme. C’est particulièrement vrai si elle s’adresse à une personne de l’autre sexe, lui faisant alors revivre ce qu’il a toujours besoin de refouler : la castration psychique primaire qu’à été la découverte de son sexe et de son impossibilité à pouvoir devenir comme son premier modèle. Non seulement l’humiliation qui découle ce cette violence imperceptible mais terrible ne fera pas entrer dans la loi mais risque de provoquer la violence la mieux maîtrisée par l’homme : la violence physique !

    Pas facile de jouer la fonction de père aujourd’hui. Pas facile de rester dans la loi et de mettre son ego de côté pour l’intérêt de l’enfant ! « Pour qu’un homme puisse faire sortir une femme de sa rêverie d’enfance, note Kathleen Kelley-Lainé, il faut que lui aussi ait su mettre à distance sa propre mère, qu’il l’ait tuée symboliquement ».

    Pas facile et même risqué ! Et si le père était resté encore fasciné et terrifié par « La femme » et n’ayant pas assumé sa castration devait maintenir le refoulement. Et s’il se mettait à confondre sa fonction avec sa personne et se laissait aller à ses envies plutôt qu’à son devoir. Et si le père au lieu d’exercer la fonction d’autorité en profitait encore pour dominer ?

    Le risque est grand que la fonction tellement exigeante soit mal jouée. Et pourtant n’y a-t-il pas énormément à gagner, d’essayer ? Le père ne sera jamais parfait mais n’est-il pas préférable d’avoir un « mauvais » père que pas de père du tout ?

    Parce que notre société égalitariste confond égalité en droits et identité de plus en plus d’hommes et de femmes qui se veulent indépendants pensent pouvoir jouer les mêmes fonctions et ainsi n’entrent plus dans les fonctions symboliques de mère et de père. De plus en plus d’enfants sont ainsi élevés par des mamans et des papas attentionnés mais très peu confrontés à des personnes dans la fonction de père. Ils font partie de ces enfants que l’on appelle des enfants-rois, des enfants gâchés sans père et sans repère. Ces enfants sont très souvent des enfants qui n’ont pas intégré les limites, qui restent hors la loi. Ils sont dans la toute-puissance persuadés de pouvoir changer l’ordre du monde plutôt que leurs envies. En manque de manque, ils veulent tout, tout de suite, et restent perpétuellement insatisfaits. Ils rejettent le passé et ne se projettent pas dans l’avenir. L’absence de cadre les angoisse et ils ont besoin pour se trouver une identité de provoquer, d’adopter des conduites à risques. Incapables d’accepter la moindre règle et la moindre frustration, ils sont souvent extrêmement difficiles à gérer dans la famille où ils tyrannisent leurs parents, à l’école où ils ne peuvent apprendre, en société où ils multiplient les incivilités ou même les délits.

    Ces enfants ont besoin de père pour se structurer. Malheureusement, quand ils n’en ont pas, ils l’inventent. Ils trouvent alors très souvent une caricature de l’homme qu’ils se sentent obligés d’imiter.

    Difficile d’être père et d’être mère ? Mais n’est-ce pas un projet commun passionnant pour les parents qui à leur place respective peuvent éviter ainsi une concurrence qui risque de se transformer en rivalité? Une situation rarement favorable à l’homme. Si les fonctions sont interchangeables, l’un peut en effet très bien se passer de l’autre et l’on sait que dans 80% des séparations, les enfants sont confiés à la maman. L’homme qui n’a pas joué la fonction de père n’arrive alors que très peu (ou même, pour certains, plus du tout) à jouer son rôle de papa.

    Difficile d’être père et d’être mère ? Mais est-il enfin nécessaire d’être parfait dans ces fonctions différentes, pour en faire un projet qui donne du sens à la vie, pour avoir la joie de les jouer ensemble, en sachant que s’il doit y avoir un gagnant ce sera l’enfant ?

     

    * le géniteur peut être identifié grâce aux empreintes génétiques. Mais désormais qui est la génitrice ? Celle qui donne un ovocyte, ou un embryon ? Celle qui prête son utérus, porte et accouche ?

     

     

    Jean GABARD

    Auteur de « Le féminisme et ses dérives – Rendre un père à l’enfant-roi »,

    Les Editions de Paris, réédition novembre 2011.


    Ce texte est visible sur le site de La Pensée et les Hommes pour lequel il a été écrit suite à une émission de la RTBF


    http://www.lapenseeetleshommes.be/pdf/Etre%20pere%20aujourd%20hui.pdf


  • Peut-on encore se mettre en jupe France Inter le débat de midi 20/08/12

     

     

    Prochaines conférences :


    Pau (64)

    Oloron Saint-Marie    (64)


    Saint-Germain-Laval (42)

    Garges les Gonesses  (95)

    Maintenon (Saint-Piat)  (28)



    Le samedi 1er septembre,

     

    j'étais l’invité de Jean-Mathieu Pernin

     

    dans une nouvelle émission hebdomadaire Le Pitch, 

     

    de 10h00 à 11h00,

     

    diffusée sur Le Mouv' radio du groupe Radio France.

     

     

    Le thème : existe-t-il un sexisme envers les hommes ?

     


    Pour réécouter l’interview

    http://www.lemouv.fr/player/reecouter?play=31760

    à partir de la 19ème minute

     




    « Peut-on encore se mettre en jupe ? »

    « Le débat de midi »   France Inter le 20/08/2012


     

    Suite au « débat de midi » de France Inter sur la jupe ( le 20/08/2012), une mise au point s’impose.

     

    Les propos de Najat Vallaud-Belkacem, Christine Bard, Sophie Peloux ont pu laisser penser que pour moi les victimes d’agressions sexistes étaient responsables (il a même été dit « coupables »).

    Je reprends donc mes propos.

    J’ai dit en parlant de la montée du machisme :

    « il faut prendre le problème dans sa globalité et comme dans toute relation, les relations hommes/femmes particulièrement, il me semble qu’il n’y a pas un camp qui est 100% coupable et un autre camp qui serait 100% victime. Il y aurait 50% de responsabilité de chaque côté… »

     

    J’accepte que l’on ne partage pas mon point de vue mais que l’on réagisse en transformant des propos assez évidents pour en faire des inepties, me semble être la marque d'un grand manque d'attention si ce  n'est de mauvaise foi !


     

     

    Le port de la jupe est en train de devenir le symbole de la lutte contre le machisme. Nous voici donc réduit à mener des actions spectaculaires pour dénoncer des attitudes masculines qui paraissent d’un autre âge ! Face à de telles sauvageries, il est en effet nécessaire de réagir et de prendre le problème au sérieux. Il est surtout impératif d’essayer de comprendre cette recrudescence du machisme pour ne pas traiter que les effets mais aussi les causes.

     

     

     

    Celle-ci est-elle liée à la persistance de la domination masculine, comme il est facile de le penser, ou aux derniers soubresauts d’une masculinité malmenée et en mal d’identité ? A moins que ce ne soient pas des signes annonciateurs de fin mais plutôt le début d’un dangereux retour en arrière ?

     

     

     

    Il est difficile de contester la persistance d’une certaine domination masculine. Les hommes sont encore les plus nombreux dans les postes de pouvoir qu’ils soient politiques ou économiques. Il est possible de penser aussi que des millénaires de domination patriarcale ne s’effacent pas en un jour, ni même en cinquante ans, ni même en cinq siècles si l’on fait remonter la remise en cause de celle-ci vers le début des Temps Modernes, vers le XVème siècle. Il existe encore des bastions conservateurs qui résistent et qui profitent aussi des crises sociales pour rameuter des mécontents de tout bord. Ces derniers n’adhérant d’ailleurs pas forcément à l’idéologie dont ils ne connaissent pas toujours les tenants et les aboutissants.

     

     

     

    Les nostalgiques de la société patriarcale sont malgré tout très peu nombreux aujourd’hui et ceux qui semblent l’être sont ceux qui ne l’ont jamais connue et n’ont pas essayé de la connaître. Qui aujourd’hui, dans les pays occidentaux pourrait accepter le manque de liberté et de justice des sociétés patriarcales traditionnelles ? Même les plus réactionnaires le prêchent plus qu’ils sont prêts à le vivre. Ces rebelles ne sont-ils pas comme la majorité de la population des personnes qui préfèrent l’instinct au recul, la proximité à la distance, la spontanéité à la réflexion, le lâcher prise au contrôle, l’imagination à la discipline, la passion à la raison, la sensibilité à la froideur, le plaisir à l’effort, la jeunesse à l’âge adulte… Ces valeurs que nous préférons aujourd’hui et que nous ne voulons plus objectivement qualifier de féminines sont pourtant, comme par hasard toutes celles qui étaient encore dénigrées il y a une cinquantaine d’année… Pourquoi d’ailleurs ne pas les rattacher au féminin, même si elles concernent aussi les hommes, dans la mesure où c’est dans le ventre de notre génitrice que nous avons eu l’impression, rétrospectivement, de connaître cette douceur, cette proximité, cette harmonie. De là naît le manque et donc le désir autrefois interdit. Aujourd’hui, en réaction, il est bon de le satisfaire et le plaisir est à consommer tout de suite (« paradise now ») et sans modération.

     

     

     

    La féminité qui devait être cachée pour ne pas perturber les activités sociales doit aujourd’hui s’exprimer au grand jour. Alors que les hommes ont imposé pendant des millénaires le masculin, une grande marque peut afficher sur tous les murs « demain sera féminin ». Le présent l’est déjà tellement que personne n’a fait la moindre objection, devant ces affiches, à ce qui aurait été considéré comme une provocation sexiste si « masculin » avait remplacé « féminin ». Mais nous sommes fascinés par le féminin et maintenant la pensée dominante nous encourage à l’être davantage et à le manifester.

     

     

     

     L’idéologie dominante ne donne jamais l’impression d’être une idéologie, ni d’être dominante : nous y adhérons sans nous en rendre compte ; C’est ce que nous faisons avec la vision du monde féministe devenue une idéologie et dont les militants ont parfois des difficultés à concevoir qu’ils puissent dériver.

     

     

     

    Ce renversement de l’idéologie ne serait qu’un juste retour de balancier s’il n’avait des conséquences terribles dans l’éducation des enfants.

     

    Nos enfants sont en effet éduqués dans ces valeurs. Ils passent la plupart de leur jeunesse dans les bras de femmes « libérées » qui ne peuvent pas être soupçonnées de leur inculquer des idées machistes. Ayant dans la famille l’autorité parentale elles ne jugent plus utile d’appeler un père pour dire la loi. Cette fonction symbolique autrefois dans les mains des mâles dominants, plus soucieux d’imposer leur dictature que d’éduquer vraiment, a été totalement discréditée. Les hommes, pourtant de plus en plus présents et remplissant beaucoup mieux qu’avant leur rôle de papa, ne peuvent entrer dans cette fonction symbolique (souvent méconnue des nouvelles générations de parents) même quand il peut leur arriver de le souhaiter. La maman qui n’entre pas dans la fonction symbolique de mère et qui ne donne pas la parole à un homme pour qu’il dise la loi, reste en effet pour le petit enfant une divinité toute-puissante, sans manque, à la fois fascinante et terrifiante. La parole du papa n’est alors pas écoutée comme une parole méritant de l’être et il ne lui reste plus que le rôle affectif quand ce n’est pas celui de simple subalterne de la maman.

     

     

     

    L’autorité paternelle n’est pas devenue, comme cela devrait être « une autorité parentale », ni même, comme cela semble être le cas, une autorité maternelle mais malheureusement « une autorité pas rentable ». Cette maman même moderne, en effet, n’est pas dans une position où elle peut avoir de l’autorité même si elle peut en faire preuve. Elle reste perçue sans limite et n’est donc pas en mesure de les faire intégrer. Quand elle croit limiter l’enfant, celui-ci ne pense qu’à l’imiter, à rester comme il pense qu’elle est : dans la toute-puissance !

     

     

     

    Si la maman acceptait de jouer le jeu en faisant appel à un homme, elle montrerait à l’enfant qu’elle manque puisqu’elle a besoin de quelqu’un et que l’homme à qui elle s’adresse mérite d’être écouté. Si l’homme acceptait de jouer le jeu et qu’il acceptait de dire la loi, sérieusement mais sans se prendre au sérieux, il permettrait au moins au petit garçon (qui a déjà subi une première limite, la castration psychique primaire en apprenant qu’il n’était pas du même sexe que sa référence), d’avoir une chance de l’accepter et de l’intégrer.

     

     

     

    Aujourd’hui nous sommes dans une idéologie égalitariste qui n’assume plus la différence. Quand elle croit en voir une,  confondant la différence des sexes (qui existe quelle que soit la culture) et la mauvaise utilisation qui en a été faite par les hommes pendant des milliers d’années, c’est pour la dénoncer comme une invention des hommes et une injustice. Ce postulat idéologique qui nous a imprégné, aboutit, certes, à la lutte contre les discriminations (et il y en a besoin) mais aussi au non respect de la différence, non respect qui est lui-même à la source du racisme et du sexisme : celui qui ne correspond pas à l’unité choisi ne peut-être qu’un attardé, un malade (la femme était inférieure pour le sexisme masculin). Pour aller vers « la guérison de l’homme malade » comme le préconise Elisabeth Badinter, il suffit qu’il « se laisse envahir par sa féminité ». S’il refuse de se soigner, il devient un réfractaire au progrès et il est rendu responsable de son exclusion. 

     

     

     

    Cette « théorie du genre » ne permet pas non plus, aujourd’hui, qu’un jeu différent (assimilé aux rôles traditionnels sexistes) puisse se jouer entre un père et une mère et la conséquence est visible chez les enfants. Ils restent hors la loi, dans le sens premier du terme. Ils peuvent éventuellement obéir quand ils ont peur de perdre la maman mais ne font que céder à ce qui ressemble pour eux à un chantage affectif. Quand l’adolescent en grandissant se détache de sa maman et qu’il a moins la crainte de la perdre, il n’a alors aucune raison de suivre des règles puisque pour lui il n’en a jamais été question.

     

     

     

    Ces enfants-rois peuvent devenir des adolescents tyrans incapables de s’adapter à l’école et à la société. Plus grave encore, les garçons qui n’ont jamais reçu d’image valorisée de l’homme n’ont pas de modèle pour se construire. Adolescent à l’identité fragile ils sont obligés d’inventer le modèle qu’ils n’ont jamais eu. Alors qu’ils arrivent à l’âge où il devrait commencer à assumer la castration, ils ont besoin de la refouler en se choisissant des modèles caricaturaux, les plus opposés aux femmes. Après la première guerre mondiale, les jeunes allemands aux pères humiliés (par la révolution industrielle, par la défaite, par le Diktat, par l’émancipation de leur femme, par leur pouvoir économique rongé par l’inflation, par le chômage …) et dévalorisés, ont été fascinés par les nazis. Des jeunes, aujourd’hui, ont des conduites à risque, choisissent comme modèles, au mieux des « stars » mais malheureusement aussi des héros qui ne brillent pas par leurs exploits sportifs mais par leur violence, leur intégrisme leur extrémisme. Pour se prouver qu’ils sont des hommes, ils se sentent obligés de s’opposer à l’autre sexe avec vulgarité, de le dominer, de le violenter… et le nationalisme ou la religion leur permet de se distinguer et de justifier leur machisme.

     

     

     

    Ces machos du XXIème siècle sont encore plus dangereux que les « machos traditionnels », tout  aussi incapables de sortir de l’enfance mais qui étaient malgré tout cadrés par une société rigide. Aujourd’hui ces nouveaux barbares sont de plus en plus nombreux et se retrouvent dans tous les milieux. Ils sont en liberté dans une société qui valorise le « no limite ».   

     

     

     

    Jean GABARD

     

    Auteur de « Le féminisme et ses dérives – Rendre un père à l’enfant-roi »,

     

    Les Editions de Paris, réédition novembre 2011.

     

     

     


     

  • Parité

    Le pessimiste se plaint du vent,
    l'optimiste espère qu'il va changer,
    le réaliste ajuste ses voiles.

    William Arthur Ward




     

     

    Lundi 20 août 2012

     

    Sur France Inter

     

     "le débat de midi"

     

    animé par Thomas Chauvineau entre midi et 13 heures.

     

    Sur le thème de la place des femmes dans la société : « Peut-on encore se mettre en jupe ? »

     

    Participants : 

     

    - Najat VALLAUD-BELKACEM ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement  

     

    - Christine BARD  : historienne, professeur à l’Université d’Angers

     

    Auteur de « Ce que soulève la jupe - Identités, transgressions, résistances », Autrement, (2010)

     

    « Une Histoire Politique du pantalon », au Seuil (2010)

     

    « Les féministes de la deuxième vague » aux éditons Presses Universitaire de Rennes (2012)

     

    Elle va publier sous peu « Idées reçues sur le féminisme » Le Cavalier Bleu  (31 octobre 2012) 

     

    - Sophie PELLOUX  organisatrice du printemps de la jupe et du respect à Lyon

     

    - Jean GABARD, auteur de « Le féminisme et ses dérives – Rendre un père à l’enfant-roi », animateur de conférence-débat sur l’éducation des enfants et les relations hommes/femmes



    La « diabolisation » de l’homme face à la tenue  

    vestimentaire  des femmes    

         De nombreuses religions ont imposé une différence de tenue vestimentaire entre les hommes et les femmes. Les religions chrétienne, juive, musulmane … recommandaient et recommandent encore aux femmes de se couvrir en public. Parce que cette règle a été réduite à une humiliante obligation par des partisans de « la lutte contre le vice et pour la défense de la vertu » [1], elle est devenue le symbole de l’oppression de la femme. Réagissant contre des intégristes de tous bords au nom de « la liberté » et de « l’égalité » des sexes, l’idéologie « féministe » défend le droit des femmes de se vêtir comme elles le souhaitent. Ainsi, suivant la politique du « tout sauf le tchador », de plus en plus de femmes, dans tous les lieux, adoptent des tenues qui n’ont jamais été aussi légères. Françoise Giroud elle-même évoque « ces jupes si courtes que la tentation est quasi irrésistible de glisser une main dessous, ces jambes qui n’en finissent pas, ces seins à peine voilés, ces pantalons collants, ces étuis qui portent le nom de robes et qui dessinent chaque pouce du corps » [2]. Les tenues très déshabillées en public (seins nus sur les plages, profonds décolletés, mini jupes…) sont devenues si fréquentes qu’elles sont censées ne plus choquer personne. Elles sont banalisées afin que les femmes soient aussi « libres » que les hommes. L’émancipation des femmes passe ainsi par la libération de leur posture et de leur gestuelle. Nombreuses à ne plus supporter d’être définies par rapport à leur sexe, elles peuvent pourtant exposer avec assurance et innocence les emblèmes vivants de leur féminité. Femmes objets de désir, elles se comportent instinctivement en sollicitant les pulsions des mâles et ceux-ci doivent faire appel à leur raison, se comporter en pur esprit et n’avoir qu’un désir « flottant » [3] ! Le regard qui n’a plus rien à déshabiller doit rester fuyant et anonyme. Le mâle séduit ne doit pas regarder ce qui est fait pour l’attirer. Il doit surtout éviter de manifester un désir qui pourrait être interprété comme une « proposition sexuelle non voulue », autrement dit du harcèlement sexuel. Quand on sait que chez lui, tout désir suscité et non assouvi n’apporte que frustration, il devient alors possible de comprendre son manque de naturel. Pourtant, si les hommes ne culpabilisaient pas autant par rapport aux femmes, ne pourraient-ils pas, pour imiter les « va-t-en guerre » américaines, accuser d’exhibitionnisme et même de harcèlement sexuel les adeptes de la mode libérée ? Cette exposition des corps n’est-elle pas un «  comportement non verbal ou physique à connotation sexuelle » [4] et « une proposition sexuelle non voulue » ? Les hommes ne sont-ils pas « agressés » continuellement et sans leur consentement par un environnement de plus en plus érotisé ? Ne leur arrive-t-il pas d’être captivés et même de perdre la tête sans l’avoir recherché ? Il serait possible d’en rire, si certains ne la perdaient pas au point de ne plus savoir « où ils habitent » en reniant femmes et enfants et si d’autres plus ou moins frustrés et frustres ne laissaient alors la voie libre à leur spontanéité, voire à leurs pulsions. Si l’abus de pouvoir des hommes prenant plaisir à « prendre le corps » des femmes sans leur consentement doit être considéré comme un crime odieux, est-il obligatoire que l’abus de la toute-puissance de certaines femmes prenant plaisir à « prendre la tête » des hommes devienne la norme ? Comme le dit Tony Anatrella, « dans ce cas, nous sommes en plein déni corporel (…) teinté d’exhibitionnisme, car il s’agit bien là de montrer ce qui habituellement est érotisé [5]. »

         En général peu excitée par la nudité des mâles, la femme quant à elle a des difficultés à concevoir le désir qu’elle suscite. Elle a tendance à juger anormal tout comportement différent du sien. Alors que la révolution sexuelle prônant la spontanéité s’attachait à libérer le désir, il est aujourd’hui demandé à l’homme de s’en libérer en le maîtrisant. Les règles de comportement, ou plutôt l’absence de règles, supposent que l’homme nouveau possède la maîtrise de son inconscient ! Cette « révolution introuvable » fait de lui un déséquilibré et le met à l’index.

     


    [1] « milices de la lutte contre le vice et pour la défense de la vertu ». Nom donné aux milices des Talibans

    [2] Françoise Giroud et Bernard-Henri Lévy, Les hommes et les femmes, Olivier Orban, 1993.

    [3] Jean-Claude Kaufmann, Corps de femmes, regards d’hommes, sociologie des seins nus, Nathan, 1998.

    [4] Termes employés par le projet de directive européenne contre le harcèlement sexuel.

    [5] Tony Anatrella, Le sexe oublié, Flammarion, 1990.


     

    Pour échapper au « no futur », il est cependant encore temps d’inventer un sens à la vie et des jeux qui permettent de nouer de nouvelles relations. Il est possible de se servir avec humour de valeurs, qui comme des vérités permettent de vivre. Les mathématiques ne sont plus sûres à 100 pour 100, pourtant elles sont toujours opératoires ! L’homme adulte devrait peut-être alors reconsidérer les « libérations » des sociétés dites « modernes », « post-modernes » ou « hypermodernes » et réfléchir pour aller vers une meilleure « co-naissance ». Aussi est-il vraiment obligatoire que le versant enfant et féminin autrefois étouffé devienne aujourd’hui maître tout-puissant ? Comme les artistes, il doit pouvoir être entendu quand il parle de notre nature, mais doit-il pour autant détourner l’Homme de la culture ? L’écouter, certainement, mais lui obéir inconditionnellement, ce n’est pas sûr ! L’adulte gérant sa fascination pour la féminité et n’ayant plus autant peur d’être débordé devrait pouvoir l’aimer comme elle est, sans pour autant se laisser guider par elle. Assumant son imperfection et n’agissant plus sous la crainte de la sanction divine, il devrait pouvoir trouver, avec la raison, non pas des recettes strictes mais des règles du jeu pour l’aider à jouer le mieux possible sa vie.


    Extraits de "le féminisme et ses dérives - Rendre un père à l'enfant-roi"

     

     

     



     

     Je serai en Belgique le 14 juin pour l'enregistrement d'une nouvelle émission de La Pensée et les Hommes pour la RTBF

    avec  le Dr Van Wettere Jean-Paul, médecin spécialiste en neuropsychiatrie et Jacques Lemaire




     

    L’émission de télévision de la RTBF

    En quête de sens : La Pensée et les hommes -


    Le féminisme et ses dérives  

    Jean Gabard et Jacques Lemaire


    Créé le Mardi 5 Juin 2012


    Diffusion le mardi 5 juin en fin de soirée sur La Une

    Rediffusion le vendredi 8 juin à 19 heures 05 sur La Trois


    à voir sur le site de la RTBF : 

    http://www.rtbf.be/video/v_en-quete-de-sens?id=1734681&category=info



    "La place des pères et des mères

    pour faire intégrer les limites ?"

    résumé de la conférence animée au Conseil Général des Alpes Maritimes par Jean Gabard


    disponible dans

    Le RELAIS

    LETTRE AUX PROFESSIONNELS DE LA PETITE ENFANCE ET AUX PARENTS

     http://www.cg06.fr/cms/cg06/upload/servir-les-habitants/fr/files/journal-relais-21.pdf


    Prochaines conférences à Saint-Palais (64), à Saint-Omer (62) aux Avenières (38), à Montbrison (42),  à Krautergersheim (67),  à Kaysersberg (68)

     



    Vous pouvez écouter ou réécouter l'émission de la RTBF,

    La Vie du Bon Côté :

    "Qu'attendent les mères d'un père ?"

    http://www.rtbf.be/radio/podcast/player?id=1715108







    Je serai en Belgique


    le 22 mars 2012 à Charleroi

    pour l'enregistrement d'une émission TV pour la RTBF


    le 24 mars à 20 h   à Soumagne près de Liège  (info@laconvi.be)    

    pour une conférence 

    "Avec des enfants, Vénus peut-elle se passer de Mars ?"


    le 25 mars à 15 h à Boitsfort (Bruxelles)

    pour une conférence à la Librairie Abao www.abaobxl.be 

    "rendre un père à l'enfant-roi"


    le 26 mars de 14 à 15h30 à Mons

    pour l'émission "La vie du bon côté" sur VIVACITE

    "Qu'attendent les mères d'un père ?"


    http://www.rtbf.be/vivacite/emissions_la-vie-du-bon-cote?emissionId=1581

     

     

     

    Dans le n°34 Hiver 2012 du Magazine des Livres un commentaire de Stéphane Beau sur Le féminisme et ses dérives - Rendre un père à l'enfant-roi


     

    MAGAZINE DES LIVRES n°34

    HOMMES/FEMMES

    Le féminisme et ses dérives ! En voilà un sujet diablement glissant en ces temps consensuels où toute velléité de défendre les droits de « l’homme » - avec un petit « h » - est au mieux associée à une forme de ringardise affligeante, au pire à une dérive révisionniste visant à nier la réalité des violences faites aux femmes. Sujet glissant, mais foutrement (c’est le cas de le dire) salutaire !

    La thèse de Jean Gabard peut se résumer en quelques mots. Selon lui, la question du rapport entre les sexes a été prise en otage par la pensée féministe, à tel point que, « les hommes ont presque un devoir de repentance d’appartenir à la race des hommes dominants et une obligation de soin, (…) En effet, ne pas faire aujourd’hui l’éloge des femmes et de la féminité est devenu refus du changement, du progrès ».

    Certes, l’étude de Jean Gabard n’est pas dénuée de points discutables. On peut par exemple trouver que son approche psychanalytique de l’origine des rapports hommes/femmes est un peu rapide, notamment quand il explique que, dès la préhistoire, l’homme s’est servi « du pouvoir comme d’un barrage pour dompter le torrent magnifique que représente la femme toute-puissante ». On peut également estimer que son souci de rattacher presque systématiquement la notion d’autorité à celle de paternité est un peu caricatural. L’autorité paternelle a du plomb dans l’aile, certes, mais de là à nouer un lien direct entre cet état de fait et toutes les dérives délinquantes et « hors la loi » qui agitent nos sociétés, il y a une marge.

    Mais au-delà de ces limites, le livre de Jean Gabard présente au moins une inestimable qualité : il est « discutable », justement, c'est-à-dire qu’il invite à la discussion dans un domaine de pensée qui l’interdit normalement presque systématiquement. Il met les pieds dans le plat du discours féministe avec beaucoup d’à-propos, d’intelligence et de modération. Il vient  notamment bousculer cette théorie du « genre » qui tend, depuis quelques années, à envahir tout l’espace de la réflexion sur la question des rapports de sexes, à tel point que toute tentative de décryptage de ce concept flottant est aussitôt assimilée à une attaque directe contre les femmes. Et pourtant (… L’auteur de l’article,Stéphane Beau, donne son point de vue sur la théorie du genre …)

    Là où d’autres (Eric Zemmour, Alain Soral …) vont rester sur une défense assez plate, polémique et machiste de la virilité, Jean Gabard pose le débat avec beaucoup de nuance. Il n’assène pas ses vérités, mais interroge la réalité qu’il constate.

    Le féminisme et ses dérives devraient pouvoir servir de base à une vraie réflexion, enfin adulte, sur les rapports hommes/femmes. Mais le discours féministe est maintenant tellement bien ancré dans les cervelles que ce livre ne sera considéré par beaucoup, je le crains, que comme une provocation sexiste supplémentaire. C’est bien dommage… et inquiétant.

    Stéphane Beau






    Mercredi 18 janvier 2012 de 8h30 à 9h, sur SUD RADIO
     
    j’étais interrogé par Robert Ménard sur la parité.

    Quelle place êtes-vous prêt à laisser aux femmes ?

    http://www.sudradio.fr/156/menard-en-liberte   

      

     

     

    “Le féminisme et ses dérives” de Jean Gabard

    Publié le 24 février 2012
    Classé dans Ce que j'en pense / Coups de coeur | Laisser un commentaire

    Je n’aime pas son titre qui ne dit absolument pas la richesse pragmatique de son contenu. Un livre qui parle des femmes, des hommes et de leur relations avec beaucoup d’intelligence, perspicacité et de simplicité.
    Il m’a donné une clef de compréhension nouvelle de nos rapports homme/femme qui change la nature de mes relations.

    Loin de partager la nostalgie de la société patriarcale traditionnelle ou les illusions féministes, ce livre suggère de changer de cap. SI nous voulons ne pas sombrer dans un désenchantement propice à la montée des extrêmes, dans les comportements sociaux… Il nous faut proposer d’autres projets capables de créer du lien et de donner envie de vivre ensemble.

    Je l’ai dévoré, raturé de partout et trimballé dans mon sac dans tout Paris : Il remet en question nos cadres de référence, rappelle les repères fondamentaux de notre humanité : homme et femme différents et complémentaires, enfants ayant besoin de pères et de mères à leur place pour grandir dans leur liberté…








    Parité, justice ou théorie du genre ?



    Le sujet de la parité semble de plus en plus poser problème dans les relations hommes/femmes alors qu’il n’y a pourtant jamais eu autant de personnes qui y soient favorables. Alors pourquoi ces difficultés ?


    Qui ne crie pas à l’injustice et qui peut oser contester les revendications de parité quand sont donnés les chiffres de la sous représentation des femmes en politique et dans les conseils d’administration, les écarts de salaire pour le même travail avec le même diplôme etc… ?
    Les positions quasi unanimes face à de telles aberrations devraient normalement permettre d’arriver rapidement à des solutions et pourtant il n’en est rien. Le problème est-il abordé comme il le faudrait ?

    Ne faudrait-il pas avant de demander la parité, qui n’est autre que le résultat escompté, procéder par étape et réclamer d’abord des moyens de justice pour régler ce qui peut l’être ? Ne pourrait-on pas commencer par se demander pourquoi les hommes politiques n’arrivent pas à trouver un moyen pour que les hommes politiques respectent la loi que les hommes politiques ont votée ?
    Et peut-être aussi pourquoi la loi sur l’égalité salariale connaît-elle autant de difficultés à être appliquée ?


    Si un meilleur équilibre est tout à fait souhaitable la parité l’est-elle vraiment ?

    Pour faire avancer la liberté, il a fallu mettre en place des séries de mesures. Cela a pris des siècles et ce n’est pas encore fini. Alors est-ce raisonnable de demander directement la parité ? D’ailleurs si un meilleur équilibre est tout à fait souhaitable la parité l’est-elle vraiment ?

    Cette revendication est en effet contradictoire. D’un côté on voudrait que les comportements et les performances soient exactement les mêmes entre hommes et femmes, qu’il n’y ait plus de différences et d’un autre côté on voudrait en faire deux catégories différentes, égales en nombre …
    Dans la revendication de parité qui paraît totalement légitime au premier abord, il y a en fait embrouilles : derrière la revendication de parité, il y a une autre arrière-pensée idéologique. Sous couvert de demande de justice on cherche à faire passer l’idée non pas simplement qu’il ne doit pas y avoir de discriminations mais que les différences entre les hommes et les femmes n’existent pas !
    Pour qu’il puisse éventuellement y avoir la parité totale, il ne faudrait aucune discrimination sexiste et aucune construction sociale sexiste. Mais il y a aussi une autre condition et non des moindres : que les hommes et les femmes soient totalement à égalité non plus simplement en droits mais en identité et dès le début de leur vie. Ce qui voudrait dire qu’il n’y aurait pas, entre les hommes et les femmes de différence biologique ni de différence dans la structuration du psychisme (qui tient en grande partie au fait d’être né d’une personne du même sexe pour les filles et d’une personne du sexe opposé pour les garçons)


    Ce n’est plus la parité qu’il faut demander, mais la justice.

    S’il n’y avait pas de différence biologique et de différence de structuration du psychisme, on ne pourrait que réclamer la parité (et en oublier même les contradictions).
    Mais s’il y a, en plus de la construction sociale et des discriminations sexistes, une différence biologique et une différence de structuration du psychisme, ce n’est plus la parité qu’il faut demander (celle-ci est une utopie par définition impossible, à moins de l’imposer et de chercher à changer l’humain … ce qui est le propre des régimes totalitaires !), mais la justice. Celle-ci consiste à lutter contre toute construction sociale sexiste et contre toute discrimination sexiste. Il est même alors possible d’oser la fraternité en cherchant des mesures pour favoriser l’équilibre entre les deux sexes (et pourquoi pas des discriminations positives ?).

    On en finirait peut-être alors avec la catégorie « hommes » éternellement coupables et la catégorie « femmes » éternellement victimes. Il n’y aurait plus qu’une catégorie d’humains démocrates, avec leurs imperfections mais limités par des lois égales pour tous et sanctionnés pareillement quand ils ne les respectent pas (ce qui n’est pas le droit à l’égalité mais l’égalité en droits).