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Les dérives égalitaristes concernent chaque famille

 

REFORME N°3205

4-10 janvier 2007 O P I N I O N S

Jean GABARD. Cet enseignant en histoire-géographie analyse dans son dernier livre, Le féminisme et ses dérives, les problèmes posés aujourd’hui par une société qui nie les différences des sexes au nom de l’égalité, devenue égalitarisme.

« Les dérives égalitaristes

concernent chaque famille »

Dès le XVème et XVIème siècle, les Humanistes réagissaient contre la barbarie du Moyen Age et les protestants remettaient en cause l’origine divine de toute autorité. L’idéologie de la société patriarcale traditionnelle, commençait alors à perdre une légitimité jusque là incontestable et incontestée. Il y a une quarantaine d’années, la « Révolte contre le père »* des années 1960 promettait d’éradiquer ce qui restait des archaïsmes prétendument responsables de tous les maux de la terre. Cette aspiration à un monde plus humain, plus juste, plus harmonieux s’est amplifiée et a gagné la majorité de la population des pays occidentaux. La société s’est libérée de contraintes qui devenaient insupportables. Elle a donné la parole et des droits à des hommes et à des femmes qui n’en avaient jamais eus. Elle s’est féminisée comme elle ne l’a jamais été auparavant : les valeurs traditionnelles sont aujourd’hui non seulement « ringardes » mais même très souvent oubliées.

Dérives « libertaristes » et égalitaristes

Et pourtant, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes : les sociétés occidentales ne semblent pas avoir connu de crises aussi profondes que celles qui l’ébranlent aujourd’hui : crise du couple, crise de la famille, crise de l’école, crise du politique, perte du civisme, perte d’autorité, perte de repères, perte de sens…

Les sociétés modernes ont certainement encore beaucoup à faire pour endiguer le machisme. Cette lutte, absolument nécessaire et même urgente, doit-elle pour autant nous empêcher de nous interroger sur l’évolution de cette vision du monde qui peut être qualifiée de « féminine » ou « féministe » dans la mesure où elle s’oppose de façon radicale à l’idéologie de la société patriarcale autoritaire et « machiste » ? Certaines réactions « féministes » ne vont-elles pas en effet trop loin ou n’ont-elles pas déjà fait « fausse route » comme le disent déjà des personnalités féministes ? Refuser de se poser la question, comme le suggèrent d’autres figures non moins médiatiques, équivaudrait à dénier toute possibilité de dérives dans cette formidable et indispensable réaction « féministe ». Ce serait aussi ranger toute critique dans le camp de l’ennemi réactionnaire.

« Certains enfants sans père ont des comportements de plus en plus nihilistes »

La nouvelle « idéologie » en devenant majoritaire parmi les hommes et les femmes peut d’autant plus être à l’origine de dérives que celles-ci soutenues avec une telle unanimité, ne sont plus perçues comme telles. Ainsi, les confusions apparaissent, là où elles sont le moins attendues, dans les notions de base qui semblent les plus évidentes en démocratie : la liberté et l’égalité. En effet la liberté se transforme souvent en « no limit » et l’égalité en droit a tendance à se muter en droit à l’égalité ?

Ces dérives « libertaristes » et égalitaristes concernent maintenant chaque famille, chaque établissement d’enseignement, chaque lieu où s’exerce un pouvoir et les conséquences sont particulièrement catastrophiques pour l’éducation de ceux qui représentent l’avenir de notre société.

L’éducation des enfants dans la famille est en première ligne. L’égalité qui aboutit souvent à la négation de la différence des sexes a tendance à faire disparaître les fonctions en même temps que les rôles. La fonction du père, trop associée à l’autoritarisme et à la répression n’est plus la bienvenue. Ainsi parce que le papa refuse de jouer la fonction du père et/ou parce que la maman n’a pas envie de la lui donner, il ne peut plus être l’« inter dicteur » entre la maman et l’enfant. Ce dernier reste dans la fusion et la confusion avec la maman qui étant perçue toute-puissante et sans limite par celui-ci ne peut les lui faire intégrer.

Enfants sans père, enfants violents

Ces enfants qui au mieux peuvent se soumettre pour céder à un chantage affectif restent des enfants hors la loi, non pas parce qu’ils la refusent mais parce qu’ils ne savent pas ce que c’est. N’ayant pas eu à faire à une autorité nommée par la maman, il ne peuvent la respecter et ne seront pas prêts à en suivre d’autres. Il en sera de même à l’école, où les parents ne confient plus l’autorité à un enseignant. Il en résulte de nombreux enfants-roi, hors la loi, qui ne veulent plus écouter l’adulte, que les parents ne placent plus dans la fonction de père. Ces mêmes enfants dont les capacités intellectuelles et la vivacité ne sont pas en cause, deviennent inaptes à la « co naissance » et se retrouvent souvent en échec scolaire.

Les enfants sans père et en manque de manque sont à la recherche de repères. Pour éviter une éducation sexiste, il ne leur est plus appris à devenir des hommes. N’ayant pas connu d’image paternelle suffisamment solide, ils sont souvent obligés de l’inventer quand ils arrivent à l’adolescence et ils le font dans la caricature : ils vont alors s’opposer brutalement à la maman pour pouvoir s’en dégager ou auront besoin d’inférioriser les femmes pour se prouver qu’ils sont des hommes !

Alors que cette idéologie voulait créer un monde plus délicat, plus tendre, plus pacifique, certains enfants sans père ont des comportements de plus en plus nihilistes, violents, barbares. Alors, faut-il, comme certains, prôner le retour en arrière et comme d’autres encore plus nombreux vouloir se ranger derrière le premier chef charismatique capable de les faire rêver ? Primo Lévi nous dit de se « méfier de ceux qui cherchent à nous convaincre par d’autres voix que celle de la raison » et les idéologies totalitaires du XXème siècle sont là pour nous le rappeler. Faut-il pour autant rester passif ? Après le passage dans l’enfance, la stagnation dans cette crise d’adolescence étant par trop conservatrice, ne serait-il pas souhaitable de tenter le passage à l’age adulte ? Le projet est certes difficile, mais passionnant surtout, si comme le dit Pascal, le plus important n’est pas la proie mais la chasse.

*Gérard Mendel, La Révolte contre le Père, Payot, 1986.

Jean GABARD

Le féminisme et ses dérives Du mâle dominant au père contesté. Les Editions de Paris, 2006

156 p, 16 €.

 

 

 

 

Le Dauphiné Libéré

Annonay et Tournon

Mardi 2 janvier 2007 « Le mardi 9 janvier à 18 h à la Presqu’île, et à l’initiative de la librairie « La Hulotte », Jean Gabard invite le public à dialoguer sur un des sujets majeurs qui se posent à notre société moderne. Quelle est la place du père dans l’éducation des enfants ? Vaste débat abordé par le conférencier qui prendra appui sur l’essai qu’il vient de publier aux Editions de Paris « Le féminisme et ses dérives ». (…) Le schéma proposé par Jean Gabard ne manque pas de pertinence. Il replace le triptyque familial dans une perspective plus élaborée, une humanité en mutation. Ce n’est pourtant pas faire œuvre d’antiféminisme que de mettre en garde vis à vis de certaines dérives. (…) En s’attaquant à un sujet sociologique face auquel certains esprits sont plus prompts à guerroyer qu’à en estimer la valeur et le sens, Jean Gabard se montre audacieux. »

 

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