L’évaporation de l’Homme
jeudi 24 janvier 2008, par Jean Gabard
Les hommes connaîtraient des difficultés à s’adapter à l’évolution de la société. Cette crise concernerait les mâles dominants qui, pour ne pas perdre leurs prérogatives, n’accepteraient pas l’égalité en droits entre les hommes et les femmes. Les hommes dits « modernes », ceux qui n’hésitent pas à soutenir les féministes dans leur lutte, ne semblent pourtant pas plus à l’aise. « Le vieil homme est mort » mais les hommes en mutation ne savent pas pour autant comment « être » : ils ne sont plus solides et se liquéfient devant les injonctions nouvelles, innombrables et parfois même contradictoires. Dans la société et dans la famille, en définitive, ils s’évaporent…
1) La difficulté d’être un homme
Simone de Beauvoir l’avait écrit pour les femmes mais c’est peut-être encore plus vrai pour les hommes : « on ne naît pas homme, on le devient ». Tout enfant, garçon ou fille semble s’identifier d’abord à sa maman, à celle qui l’a porté neuf mois et avec laquelle il forme une dyade nécessaire dans les premiers jours de la vie.
En grandissant, la fille, née d’un ventre du même sexe, reste dans la fusion et peut continuer à suivre son modèle premier et à se sentir toute-puissante comme elle. Le petit garçon, au contraire, pour devenir un homme, est obligé de renoncer au modèle qu’il idolâtre. Cette castration primaire est terrible. Il doit la refouler pour pouvoir la supporter et se construire autrement. Ce sont ces rapports à la maman et à la toute-puissance fantasmatique qui entraîneraient une structuration du psychisme différente chez le garçon et la fille et ceci quelle que soit la culture dans laquelle il est plongé. C’est ainsi que pris entre sa fascination pour la maman et l’obligation de regarder ailleurs, le garçon a des difficultés à savoir ce que c’est qu’être un homme.
L’histoire nous montre un homme qui, pour compenser la toute-puissance fantasmatique perdue, a mis en place, depuis le Néolithique, des sociétés patriarcales fondées sur la domination incontestée des pères et donc des hommes sur les femmes. Cette autorité a commencé à être contestée vers le XVème siècle quand son origine divine a été remise en cause par les protestants et les humanistes. Ceci a amené le siècle des Lumières puis la Révolution. La marche vers la démocratie s’est faite ensuite lentement mais inexorablement pour aboutir, après la révolution culturelle des années 60 - 70, dans les textes, au moins, à une égalité en droits entre les hommes et les femmes. Aujourd’hui, la nouvelle vision du monde que nous pouvons appeler féministe dans la mesure où elle s’oppose en tous points à l’idéologie « machiste », devient majoritaire. Cependant, comme dans toute réaction, des dérives apparaissent.
2) Les difficultés de l’homme nouveau dans la société nouvelle
La vision du monde féministe devient chez certains une idéologie qui, pour s’opposer au sexisme et à l’autoritarisme de la société patriarcale traditionnelle, prône une égalité en droits et une liberté qui ont tendance à se transformer en droit à l’égalité et en toute-puissance.
a) L’égalitarisme
L’égalitarisme se traduit notamment par une nouvelle négation de la différence des sexes. Pour remédier à la difficulté d’assumer la différence de structuration du psychisme, les théoriciens du genre, dans le vent, avancent que les différences ne peuvent être que la conséquence d’une construction sociale sexiste. Ils demandent aux hommes et aux femmes de « lâcher prise » et de développer leur masculinité et leur féminité « originelles » qu’ils possèderaient à part égale. Les qualités autrefois vénérées chez les hommes : la froideur, la rigueur, la distance, la droiture, la fermeté, la violence …sont cependant dévalorisées alors que leur opposé : la sensibilité, la spontanéité, la proximité, la complicité, l’écoute, la compassion, la flexibilité, la non-violence…sont aujourd’hui idéalisées.
Alors que la femme était considérée comme un homme incomplet, l’homme est aujourd’hui diabolisé. Culpabilisé, il a même un devoir de repentance d’appartenir à la race des hommes et presque une obligation de soin pour rattraper le retard qu’il conserverait sur la femme, dans « sa réalisation intérieure ». Pour atteindre un androgynat utopique, il lui est prescrit de prendre exemple sur la femme. Notre « homme nouveau » écume les stages et les thérapies pour apprendre à « être soi-même », mais n’arrive pas pour autant à « se sentir bien dans ses baskets » et à plus forte raison dans des talons hauts !
b) Le glissement de la liberté vers la toute-puissance
Les hommes ont toujours eu peur de la femme fatale, et par crainte de n’arriver à la gérer, ont fatalement cherché à la maîtriser. Avec la remise en cause de l’origine divine de leurs pouvoirs, ils en ont perdu la légitimité et petit à petit l’exclusivité. Aujourd’hui, si la concurrence les oblige à se battre davantage, ils ne redoutent pas pour autant l’égalité en droits. Au contraire, le pouvoir forcément limité qu’acquiert la femme, la fait descendre de son piédestal imaginaire à une réalité qu’ils connaissent et savent affronter. Ils craignent par contre beaucoup plus qu’avant leur toute-puissance fantasmatique fascinante et effrayante qu’ils n’ont plus les moyens de la contrôler. En effet, au nom de la liberté, la féminité autrefois verrouillée a été libérée et peut s’étaler au grand jour sans aucune retenue.
De nombreuses règles, ayant été appliquées de façon sexiste, ont été supprimées. Ainsi au nom d’une politique du « tout sauf le tchador » des femmes exposent les emblèmes vivants de leur féminité. Non seulement, avec certaines tenues, elles n’accordent plus aux hommes le temps de les déshabiller du regard, mais elles peuvent même leur demander de se comporter en pur esprit. Pour ne pas être accusés de « proposition sexuelle non voulue », c’est à dire de harcèlement sexuel, il leur est demandé de n’avoir plus que des désirs « flottants ». Alors que la sexualité des femmes est libérée, ils doivent, eux, s’en libérer !
Autre exemple de la confusion entre liberté et toute-puissance : la violence dont peuvent être victimes les hommes et qui n’est pas forcément celle à laquelle on pense. Ils peuvent, certes, être victimes de la violence physique des femmes mais de la même façon qu’une arrivée au pouvoir les replace, dans le regard des hommes dans un domaine réel et connu d’eux, les claques qu’elles donnent sous l’emprise de la colère les rabaissent aussi à un niveau qu’ils maîtrisent. Il n’en est pas de même des mots, des insultes, envoyés avec froideur et mépris, qui terrifient les hommes, « bêtement » humains.
Ces agressions verbales réactivent la blessure de la castration primaire, les renvoient à leur non toute-puissance et à leur incertitude sur leur identité. De même qu’ils ont refoulé la première souffrance, ils ne sont souvent pas davantage prêts à reconnaître cette blessure psychique. Persuadés de la totale légitimité de cette utilisation de la liberté par les femmes et ne voyant aucune raison objective de s’écrouler, ils en ont honte. Comme beaucoup de victimes, ce sont eux qui culpabilisent. Ils entendent les remarques de leur adversaire sur leur fragilité comme une incitation à se faire soigner.
Cet étonnement n’est-il pas cependant le même que celui des violeurs persuadés de « n’avoir rien fait de grave, de n’avoir qu’insisté un peu » ? Dans les deux cas, il y a négation de la différence des sexes : les hommes prêtent aux femmes ce qu’ils pourraient ressentir si une femme insistait pour leur faire l’amour et les femmes prêtent aux hommes le ressentiment qu’elles peuvent éprouver, quand elles se font insulter (sans menaces physiques). Elles ne tiennent pas compte du fait qu’elles sont, dans l’imaginaire des hommes, des divinités fascinantes mais aussi totalement terrifiantes, et que la portée de l’injure n’est pas la même suivant qu’elle est proférée par une divinité ou par un humain !
Ainsi, avec la nouvelle négation de la différence des sexes, la fragilité physique de la femme est de plus en plus prise en compte, celle psychique de l’homme est niée et il est tenu de se calquer sur les qualités et les comportements de la femme. S’il n’y arrive pas, il ne sera pas jugé inférieur, car cette idée est devenue politiquement incorrecte, mais il lui sera conseillé de faire un travail « sur lui » pour « retrouver son être intérieur » dépouillé de toute éducation patriarcale ! Alors ce « gynocentrisme » qui donne la priorité aux valeurs féminines et qui considère l’homme attardé ou malade, n’est-il pas le pendant féminin du sexisme masculin qui faisait des femmes des hommes imparfaits ?
3) L’homme nouveau dans la famille nouvelle
La famille moderne est une famille où l’autorité est devenue parentale : « l’autorité parentale appartient aux pères et aux mères. » Mais y a-t-il encore des pères et des mères ? En effet comment sont posées les limites et surtout qui les pose ? Le papa qui a tendance à être moins fusionnel avec son enfant parce qu’il a « neuf mois de retard » est peut être moins compréhensif. Il n’a cependant plus envie d’endosser le rôle répressif qui n’est jamais plaisant et qui a pris une connotation tout à fait négative. De plus, s’il se manifeste le premier, il risque de rappeler le macho qui décide seul, alors que la maman, faisant ce qu’avant, elle n’avait pas le droit de faire, ne peut qu’apparaître libérée. De plus ne préfère-t-elle pas remplir elle-même cette tache désagréable ? Ne risque-t-elle pas, autrement, d’assister au spectacle encore plus désagréable de la réprimande donnée par quelqu’un d’autre à l’enfant qu’elle a mis au monde et qu’elle a toujours « naturellement » protégé ? Ainsi pour ces différentes raisons, c’est souvent la maman qui pose les limites et qui sur de nombreux points a le dernier mot, quand ce n’est pas aussi le premier.
Ce renversement de situation, accepté par l’homme, n’est cependant pas anodin pour l’enfant. En effet, celui-ci a gardé de sa maman la vision d’une déesse omnipotente qui ne peut avoir mis au monde qu’un enfant-roi. Il constate que sa maman n’écoute pas le papa, qu’elle décide seule et qu’elle semble ne manquer de rien ni de personne, que le papa peut donner de l’affection mais qu’il ne parle pas et qu’apparemment, il ne mérite pas d’être entendu puisque la maman référence ne juge pas bon de lui donner la parole et de l’écouter. Alors que le but de l’éducation devrait être d’apprendre à l’enfant à assumer la castration, la maman reste, pour lui, une divinité toute-puissante qu’il ne peut qu’imiter par peur de la perdre.
Ainsi l’homme partage le rôle d’aide maternelle et même s’il reste souvent moins performant que la maman, joue de mieux en mieux son rôle affectif de papa. L’homme cependant, parce qu’il ne la veut plus et/ou parce qu’on ne la lui donne plus, n’exerce plus la fonction d’autorité et apparaît, aux yeux des enfants, comme un subalterne. Souvent par lassitude, il démissionne ou est démissionné par une maman qui croit pouvoir se passer de lui, avec toutes les conséquences que cela peut occasionner dans la perte des « re-pères », dans la « fabrication » d’enfants rois, d’enfants hors la loi.
L’homme mal à l’aise dans une société où la norme exige de déployer des qualités féminines, ne se sent pas non plus utile dans l’éducation des enfants, en n’exerçant plus la fonction de père. Il a tendance à se replier, à se faire oublier, à se rendre invisible, à s’évaporer ! Avec la négation de la différence des sexes, les femmes qui ne sont pas non plus dans la fonction de mère, sont-elles gagnantes ? Ce n’est pas sûr ! Ne sont-elles pas de plus en plus nombreuses à regretter qu’il n’y ait plus d’homme et plus de père ? En niant le manque, la sexualité et donc l’amant, ces « Vierges Marie », ne risquent-elles pas de n’apparaître que sur le versant maman ou le versant putain alors que c’est justement ce qu’elles voulaient éviter ? Plus vraiment de femme, plus vraiment d’homme ! Et si c’était plutôt un manque d’Humain ou d’Homme, avec un H majuscule ? Et si c’était le cas, peut-être serait-il alors plus juste de parler non pas « d’évaporation de l’homme », mais de difficulté à naître !
Jean GABARD
Auteur de : « Le féminisme et ses dérives - Du mâle dominant au père contesté »,
Les Editions de Paris, 2006
POINTS DE VUE
La complainte du mâle barré
jeudi 24 janvier 2008, par Anne Zelensky
Depuis quelques années, un vent de désarroi souffle sur nos mâles. « Mal à l’aise », « en évaporation », « en difficulté », les magazines auscultent leur malêtre, et certains se répandent par voie écrite en jérémiades ou en insultes contre le sexe anciennement « faible », qui sous la houlette des sorcières féministes, est sorti du rang millénaire. Il n’y a plus d’homme, et tout fout vraiment le camp, pas seulement les saisons !
Passage obligé du grand chambardement entre sexes. Pas de quoi s’affoler. Mais plutôt se poser d’utiles questions. Au fait c’était quoi, un « homme » ? Un être masculin formaté dès le biberon à devenir agressif, prêt à en découdre avec tout ce qui bouge, insensibilisé, méprisant avec les filles, obsédé par sa quéquette et son boulot, salivant comme un dogue dès que croise dans les parages un beau cul, mais incapable de regarder la femme qu’il a dans sa vie ? Voilà en gros l’idéal du « mec », le vrai. Pas de quoi faire rêver. Mais il faut justement se garder de confondre cette caricature du « mâle » avec ce qu’est un être humain masculin. C’est faire injure à la masculinité que de l’enfermer dans sa triste parodie. L’être humain masculin est à venir, tout comme l’être humain féminin. Ils sont en train de se forger dans l’intimité de nos recherches et de nos errements personnels.
Alors au lieu de nourrir une nostalgie vaine pour un mythe, celui de l’homme, le « vrai », que vous ne réussissez heureusement pas à être, messieurs, renoncez aux fantasmes. Cessez de nous imaginer pour nous regarder. Redescendez des nuages étouffants où vous vous êtes exilés et nous avec. Nous ne détenons aucune toute puissance autre que celle que vous nous prêtez. Le fait de pouvoir enfanter ne nous donne aucune supériorité sur vous. Vous avez organisé le monde autour de vos peurs, imaginaires comme toutes les peurs. Quel gâchis de nous avoir mises à l’ombre pendant des millénaires pour nous garder à l’œil, nous et le fruit de nos entrailles. Vous nous avez privée, l’humanité entière, de forces et de bonheur. Vous n’allez pas prétendre que cette séparation drastique entre sexes que vous avez instaurée nous a rendu heureux ? D’où vient que dans votre monde l’amour rime avec toujours… plus de souffrance ? Oui, mais vous avez fini par prendre pour « naturel » ce que vous aviez fabriqué…
Fabriqué. Comment voulez vous aimer votre semblable quand vous en avez fait une étrangère dont vous attendez le pire ? Oui, mais vous vous accrochez, comme une moule à son rocher , à « la différence des sexes ». On le sait qu’il y a deux sexes. Comme il y a la terre et le soleil. Et alors ? Qu’est que vous entendez par ce rabâchage compulsif de « la différence des sexes » ? Vous avez peur qu’on vous confonde avec une femme ? Ou bien, vous ânonnez cette incantation pour vous rappeler le bon vieux temps, où elle servait d’alibi à votre domination ? Celui qui juge de la différence de l’autre, s’en sert le plus souvent pour le disqualifier. Qui est différent ? Les autres, femmes, noirs… Qui décide de qui est différent ? A t on jamais inclus dans les « différents » les « mâles » ? Non, les mâles n’en font pas partie, ils jugent la différence des autres pour en faire une arme à discriminer.
Nous comprenons, messieurs que vous ayez quelque difficulté à passer de l’autre côté, du côté où il y a perte de privilège, de repère, de statut. On ne descend pas facilement du piédestal qu’on s’est aménagé. Pas plus qu’on ne consent à renoncer au piédestal où on a placé l’Autre. Mais toute cette construction sophistiquée prend l’eau. Piédestal, étal, vestale. Nous ne voulons plus de votre piédestal, où vous nous adorez , femme fatale et inaccessible. Nous ne voulons pas plus de l’étal, où s’exposent les pièces de notre anatomie, cul, nichons, guibolles... Etre la vestale de votre foyer, nous coûte cher en double journée et perte de loisir. Nous sommes en train de passer enfin à autre chose. Il y a un frémissement du côté de la relation entre sexes, figée si longtemps dans son scénario morbide. « L’amour », « cet infini à la portée des caniches » ( L.F. Céline ) reste à inventer, il aura peu à voir avec les pantomimes qui en tiennent lieu. C’est difficile de s’approcher d’un être, de concilier sa liberté, ses désirs et les nôtres, de suffisamment se connaître pour évaluer ce dont on est capable ou pas, de tenir la bonne distance entre besoin de fusion et souci de ne pas s’étouffer ensemble, de savoir naviguer entre besoin de sécurité et désir d’indépendance, de s’inscrire dans une durée constructive…Pas aidés, nous sommes, dans cette entreprise à haut risque, avec leurs contes à dormir debout, « prince charmant, poupée barbie et ils eurent beaucoup d’enfants ».
Cela coûte et coûtera des réaménagements personnels et collectifs, parfois douloureux. Au lieu de freiner des quatre fers, messieurs, laissez vous faire par le mouvement, accompagnez le, réjouissez vous de participer aux balbutiements du monde qui s’annonce. Faites comme ces hommes des années 70, nos compagnons de route dans la remise en cause des rôles et des stéréotypes sexuels. Sachez lever le nez de votre présent, et rêver à un avenir, où hommes et femmes se reconnaîtront comme les semblables qu’ils sont et renonceront aux guerres archaïques qu’ils se font. Cela, des hommes l’ont depuis longtemps entrevu. Des poètes, qui savent voir au delà de ce qui est. Il y a cent ans, l’un d’eux, Rainer Maria Rilke, écrivait ces lignes magnifiques dans « Lettres à un jeune poète ». Rilke a aimé une femme libre, la célébre Lou Andreas Salomé, et ensemble ils ont tenté de vivre un amour inédit.
« Les sexes sont peut être plus parents qu’on ne le croit : et le grand renouvellement du monde tiendra sans doute en ceci : l’homme et la femme, libérés de toutes leurs erreurs, de toutes leurs difficultés, ne se rechercheront plus comme des contraires, mais comme des frères et sœurs, comme des proches. Ils uniront leurs humanités pour supporter ensemble, gravement, patiemment, le poids de la chair difficile qui leur a été donnée ». (« Lettres à un jeune poète » Grasset)
Anne Zelensky
12 questions d’un « mâle barré » à Anne Zelensky
Je ne peux que vous féliciter pour votre participation à la lutte pour l’égalité en droits entre les hommes et les femmes. Votre ironie à propos des mâles écrivant sur la condition masculine et que vous voyez tous « se répandre en jérémiades ou en insultes »* me conduit par contre à me poser de nombreuses questions :
1 - La légitimité du combat des femmes pour le respect de leurs droits vous donne-t-elle le droit de considérer tout homme qui oserait s’exprimer différemment de vous sur le sujet, comme un horrible dominant ?
2 - La prise en compte d’un malaise doit-il être le privilège accordé, pour l’éternité, aux femmes naturellement victimes et doit-il être refusé aux hommes, éternels exploiteurs, ne souffrant que de leur manque de savoir-vivre ?
3 - S’il n’y a pas de nostalgie à avoir pour l’homme du passé, est-il vraiment nécessaire de vouloir inventer un homme nouveau à partir de nos rêves d’unité ? S’il n’est pas conseillé d’établir des rapports avec l’autre à partir de nos fantasmes, est-il davantage recommandé de ne pas en tenir compte ? Les femmes n’ont certes jamais détenu la toute-puissance, mais cela empêche-t-il tout humain, homme ou femme, de réagir inconsciemment et comme un petit enfant, comme si c’était le cas ? N’y a-t-il pas de fortes chances que cela se perpétue, à moins que l’humain devenu tout-puissant, n’arrive à « maîtriser son inconscient » ? Alors doit-on, parce que la différence des sexes a été mal gérée et a servi pendant des siècles à inférioriser les femmes, la dénier aujourd’hui ?
4 - Qui, à part vous et les sexistes que je condamne, évoque la différence entre les sexes pour juger que l’un serait meilleur que l’autre ? Avez-vous trouvé, dans mon intervention sur « L’évaporation de l’homme »* et/ou dans mes écrits, la moindre allusion à une infériorité de la femme, la moindre insulte et la moindre nostalgie pour le passé ?
5 - Vous qui refusez les stéréotypes, pourquoi vous délectez-vous autant à déverser votre fiel sur le macho débile dont vous faites une généralité et un épouvantail ? Vous qui ne voulez pas « enfermer la masculinité dans sa triste parodie », pourquoi continuez-vous d’assimiler tout homme dénonçant des dérives féministes à cette triste caricature ?
6 - Ne seriez-vous pas davantage crédible lorsque vous fustigez la violence masculine si vous évitiez de voir dans toute personne qui ne pense pas comme vous un ennemi à abattre ? Vous n’utilisez que la force des mots, mais la trouvez-vous assez « tranquille » pour mettre fin à la guerre des sexes ?
7 - Ne serait-il pas davantage constructif d’analyser les arguments des autres sans les déformer et d’engager le dialogue pour essayer de les comprendre ? Le mépris que vous affichez pour ceux qui tâtonnent, n’est-il pas symptomatique d’une attitude défensive et sectaire qui ne fait pas bon ménage avec l’esprit d’ouverture que l’on pourrait attendre de la part de défenseurs de la démocratie ? Pourquoi, pour combattre les intégristes, vous sentez-vous obligée d’adopter leur attitude ?
8 - En n’arrivant plus à concevoir que votre vision du monde puisse aussi entraîner des dérives, ne faites-vous pas de votre « féminisme » une idéologie et n’est-ce pas déjà une dérive ? Défendre la démocratie, des féministes l’ont fait et on ne peut que les applaudir. Mais alors pourquoi employez-vous aussi des méthodes staliniennes en ne voyant dans vos contradicteurs que des déviants et des traîtres à la seule cause qui serait valable, la vôtre ? Dans notre société en mutation, n’est-ce pas un moyen confortable de ne pas se « poser d’utiles questions » que de se complaire avec bonne conscience dans ses certitudes ?
9 - N’adoptez-vous pas une attitude plutôt conservatrice, lorsque vous figez les hommes dans les erreurs de leur enfance et ne cessez de vanter les mérites d’une adolescence réactive dont il serait temps de sortir ?
10 - Faites-vous preuve de progressisme lorsque vous refusez, après le nécessaire et inévitable grand nettoyage, la récupération du « bébé jeté avec l’eau du bain » qui aiderait à avancer vers l’âge adulte ?
11 - Suffit-il de bouger pour avancer ? S’il est positif de dénoncer les erreurs du passé, celui-ci ne doit-il pas nous servir à considérer nos faiblesses actuelles avec humour pour éviter que le futur ne nous échappe ?
12 - Dans une société où la difficulté à assumer les limites désespère, ne vaut-il pas mieux être « mal barré » que pas « barré » du tout ?
Jean GABARD
Auteur de : « Le féminisme et ses dérives Du mâle dominant au père contesté » Les Editions de Paris, Paris 2006. http://www.jeangabard.com
* Anne Zelensky : La complainte du mâle barré, jeudi 24 janvier 2008 Riposte Laïque n°25
( http://www.ripostelaique.com/La-complainte-du-male-barre.html )
* Jean Gabard : L’évaporation de l’homme, jeudi 24 janvier 2008 Riposte Laïque n°25
( http://www.ripostelaique.com/L-evaporation-de-l-Homme.html )
N'ayant pas eu de réponse de Anne Zelensky je prépare un message "Questions d'un mâle barré aux féministes intégristes" destiné à tous ceux qui n'étant pas intégristes voudront l'entendre.
Pour essayer de comprendre et d’expliquer
- la place de l’homme et de la femme dans une démocratie,
- la place des pères et des mères dans l’éducation des enfants,
- la place des parents et des enseignants à l’école …
- je propose des conférences-débats
- au Centre social de Saint-Chamond (42) le 03/04/08
- à la Maison des Associations de Limas Villefranche/Saône (69) le 18/04/08
- à Montpellier (34) le 03/05/2008
- à M. J. C. de Charvieu-Chavagneux (38) le 16/05/08
- à l’association APESER de Narbonne (11) le 23/05/08