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la différence des sexes

Après les demandes de parité des femmes apparaissent les revendications des hommes pour une justice moins sexiste : ceux-ci sont en effet de plus en plus nombreux à contester les décisions prises après un divorce, pour la garde des enfants. Le récent suicide d’un père privé de son fils vient relancer le débat, et ce sont cette fois, les hommes qui réclament la résidence alternée au nom de l’égalité homme-femme. Ainsi, les femmes d’un côté et les hommes de l’autre se mobilisent-ils pour la défense de l’égalité et pour faire reconnaître les discriminations dont ils se disent, les uns et les autres, victimes. Pourtant les hommes et les femmes recherchant cette égalité-indifférenciation de sexe, ne seraient-ils pas à la fois responsables et victimes d’une idéologie égalitariste utopiste qui nie la différence des sexes ?

 

Par facilité, les mâles au pouvoir ont préféré pendant des millénaires inférioriser la gent féminine qui les troublait et les féministes ont eu raison de réagir contre une construction sociale sexiste. Aujourd’hui, alors que cette infériorisation apparaît inadmissible, il semble que, toujours par facilité, la différence ne soit pas davantage acceptée. En effet, pour ne pas risquer de la juger supérieure ou inférieure, celle-ci est gommée. Parce qu’elle avait entraîné des discriminations inacceptables, il semble qu’on préfère aujourd’hui ne pas avoir à la gérer. Celle-ci est réduite au « genre », c’est à dire à la seule conséquence d’une construction sociale sexiste qui peut et doit être évitée. Il est fait abstraction de la structuration du psychisme, indépendante de la culture, qui est différente chez la petite fille et chez le petit garçon.

 

Cette différence de structuration du psychisme proviendrait du vécu du petit enfant avant la naissance et dans les jours qui la suivent et repose sur un postulat : en effet dire que la femme capable d’enfanter est vécue « toute puissante » par l’enfant et que ce ressenti enfoui dans l’inconscient de l’humain, l’influence toute sa vie, correspond à énoncer une hypothèse qui ne peut être démontrée. Il n’existe effectivement aucune preuve allant dans ce sens, comme il n’en existe d’ailleurs pas davantage pour démontrer que l’enfant ressent sa maman exactement comme il ressent son papa. Alors s’il est impossible de prouver la véracité de l’un ou l’autre des postulats, pourquoi ne pas raisonner autrement ?

 

Tout d’abord, est-il possible d’envisager qu’il n’y ait pas de différence des sexes ? En effet, s’il n’y avait pas « quelque chose » au départ, comment l’humain mâle, aussi habile et assoiffé de domination soit-il, pourrait-il maintenir une construction sociale totalement artificielle ? Comment aurait-il pu en user et en abuser aussi facilement et à plus forte raison le faire encore aujourd’hui, alors que les femmes ont une place tellement importante dans l’éducation des enfants ? Ensuite, pourquoi ne pas étudier si l’hypothèse de la différence de structuration peut s’avérer opératoire ? Ce rapport à cette « toute-puissance fantasmatique de la femme » peut-il permettre d’éclairer de multiples situations différentes ? En analysant ainsi l’humain dans sa façon de s’habiller, dans ses relations amoureuses, dans ses rapports au pouvoir, à la violence, à la loi, à l’éducation etc… il en ressort qu’à chaque fois la même logique semble pouvoir s’appliquer... Peut-être, celle-ci s’applique-t-elle uniquement dans les cas choisis ? Peut-être pourrait-on trouver d’autres exemples où l’autre hypothèse se vérifierait tout autant ? Mais si dix, vingt situations étudiées peuvent être expliquées avec le même postulat, ce dernier ne gagne-t-il pas alors en crédibilité ?

 

Admettre une différence des sexes amène à faire des distinctions entre les pères et les mères. Cette opposition dans les fonctions peut effectivement faire penser aux rôles donnés aux hommes et aux femmes par l’idéologie de la société patriarcale traditionnelle autoritaire et machiste. C’est ainsi que de nombreux travaux de psychanalystes (Freud, Lacan, Françoise Dolto, Bernard This, Joël Clerget, Jean-Pierre Durif-Varembont, Jacques Arènes, Simone et Moussa Nabati, Aldo Naouri…) traitant de la place du père, apparaissent aujourd’hui pour certains dépassés et même réactionnaires. Pourtant le refus d’une fonction différente du père que certains veulent confondre avec le rôle sexiste et tyrannique du « père fouettard » n’est-il pas en grande partie responsable de l’effacement des pères, regretté aussi bien par les hommes que par les femmes ?

 

L’homme, en effet, se limitant de plus en plus à un rôle maternant, devient souvent aux yeux de l’enfant, le simple auxiliaire d’une maman qui, par ses liens avec l’enfant (neuf mois de gestation…), sa nature (les hormones…), a plus de facilité dans ce domaine. Celle qui, au nom d’une égalité-identité ne voit plus la nécessité de faire appel à l’homme pour être le garant de la loi, ne lui permet pas d’être vraiment écouté par l’enfant qui reste dans la fusion avec la maman perçue « toute puissante ». Il ne faut pas s’étonner alors si celle-ci peut être tentée d’écarter celui qui devient gênant s’il n’est pas assez performant. Ainsi, non seulement il a peu de chance d’être « inter-dicteur » et donc éducateur, mais il risque, devenant inconsistant, d’être évincé et de ne même plus pouvoir jouer le rôle affectif de papa.

 

Cette égalité ne satisfait pas les hommes qui ne se retrouvent pas dans le nouveau rôle qu’ils se donnent ou dans lequel les mamans veulent bien les cantonner. Elle ne donne pas davantage satisfaction aux femmes qui sont les premières à se plaindre qu’il n’y a plus d’hommes assez solides avec lesquels se confronter et sur lesquels aussi s’appuyer. Les conflits qui s’en suivent entraînent les drames que l’on connaît pour les adultes. Plus grave encore, ils privent les enfants d’une véritable éducation et fait d’eux très souvent, des enfants en manque de père et de re/pères, des enfants qui ayant mal intégré la loi, risquent d’avoir des difficultés à vivre en société à apprendre à l’école etc…

 

La lutte légitime pour l’égalité en droits ne devrait pas être confondue avec la recherche d’une société sans différence hommes-femmes. Alors que l’on veut refuser toute construction sociale, l’égalitarisme ambiant ne nous amène-t-il pas à un nouveau sexisme ? Ainsi, comme certains le proposent, ne cherche-t-on pas, pour aller à l’unité de sexe à guérir « l’homme malade » pour en faire un « homme nouveau » ? Ne risque-t-on pas, alors, comme ceux qui recherchaient l’unité de race (les hitlériens) ou l’unité de classe (les staliniens) de verser dans l’utopie totalitaire et la confusion ? Nous n’en sommes pas là, mais avec l’idéalisation de l’humain androgyne ne sommes nous pas déjà un peu dans l’indifférence… ?

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